Coup d'État au Niger : quel pourrait être le rôle de l'armée du Nigeria dans une intervention militaire de la Cédéao ?

Alors que l'ultimatum de la communauté des pays d'Afrique de l'ouest a pris fin lundi 7 août, une intervention militaire pourrait être prochainement décidée pour renverser les putschistes qui sont au pouvoir au Niger. Une opération dans laquelle l'armée nigériane aurait un rôle central.
Article rédigé par franceinfo, Valérie Crova
Radio France
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Temps de lecture : 1 min
Le dirigeant de la Cédéao et président du Nigéria, Bola Ahmed Tinubu, lors d'un sommet de crise de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest le 30 juillet 2023, après le coup d'État au Niger. (KOLA SULAIMON / AFP)

Les dirigeants de la Cédéao se réuniront à nouveau jeudi 10 août, à Abuja, capitale du Nigeria, pour un sommet extraordinaire sur le Niger. Au cas où l’organisation ouest-africaine mettait ses menaces d’une intervention militaire à exécution, une armée pourrait être en première ligne : celle justement du Nigeria. Poids lourd de la Cédéao, dirigée actuellement par le président Bola Tinubu, le Nigéria dispose en effet d’une armée structurée et opérationnelle, en théorie.

>> Coup d'État au Niger : l'intervention militaire envisagée divise au sein même de la Cédéao

Avec ses 150 000 hommes, l'armée nigériane mène une guerre sans merci dans le nord-est du pays, contre Boko Haram et l'État islamique en Afrique de l'Ouest, qui contrôlent de larges pans de territoire. L'armée nigériane est également déjà intervenue à l'extérieur de ses frontières, comme le détaille le général Clément Bollée, ancien directeur de la coopération de sécurité et de défense au Quai d'Orsay. "Elle était présente au Mali au sein de la Minusma (la mission des Nations unies au Mali), souligne Clément Bollée. Et puis récemment, en 2017, elle a envoyé un contingent en Gambie", dans le cadre d'une intervention militaire de la Cédéao pour maintenir dans ses fonctions le président élu, Adama Barrow.

Le Sénat nigérien est pour l'instant rétif

Si son équipement est vieillissant, l'armée du Nigeria peut en revanche compter sur la coopération militaire de nombreux pays. "Les Anglo-Saxons, mais surtout les Américains, souligne le militaire. Il y a la Chine, notamment pour des équipements. Le Pakistan en termes de formation. La France en termes de renseignements sur le focus Boko Haram."

Selon la Constitution du Nigeria, l'armée ne peut pas se déployer dans un pays étranger comme le Niger sans l'aval du Sénat, qui s'est montré réticent et a appelé plutôt à renforcer "l'option politique et diplomatique". Les deux pays, qui partagent 1 500 kilomètres de frontière, ont en effet des liens culturels et linguistiques à travers l'ethnie des Haoussas, fortement implantés dans cette partie du Sahel. 

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