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Au Niger, sans les migrants, Agadez se meurt

La ville d’Agadez, au Niger, est la porte du désert. Ces derniers temps, elle a vu prospérer son économie grâce au passage des migrants en route vers l’Europe. Mais les autorités pourchassent passeurs et rabatteurs et le business n’est plus aussi florissant.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2min
Circulation dans Agadez. (AFP)

En 2015, les autorités du Niger adoptaient un texte pour freiner le trafic de migrants. Depuis, les transporteurs risquent jusqu’à 30 jours de prison et 45.000 euros d’amende, plus la confiscation du véhicule. A partir d’août 2016, la loi a été appliquée de «manière vigoureuse», affirme à l’AFP le ministre de l’Intérieur, Mohamed Bazoum. Selon lui, une centaine de passeurs ont été interpellés, leurs véhicules saisis et les 7000 migrants ramenés à Agadez.
 
Une sévérité que confirment à l’AFP les anciens bénéficiaires du trafic, passeurs et autres rabatteurs. «On m'a confisqué ma voiture, on m'a pris mon travail, je reste assis toute la journée. J'ai trois enfants. On ne savait pas que
C’était vraiment interdit», raconte l’un d’eux. Les commerçants ne sont pas mieux lotis. Eux vendaient légalement tout le nécessaire pour le voyage: gourde, gants, cagoule, lunettes, blouson, etc. «Je ne vends plus rien. Les affaires sont à l’arrêt», se plaint l’un d’eux.
 

Le ministre reconnaît le manque à gagner pour la ville. Il confirme l’engagement de l’Etat à développer une économie alternative. Un programme de 300 milliards de francs CFA (460 millions d’euros) a été adopté avec le soutien de l’Union européenne. Les deux tiers devraient être consacrés à l’économie.
 
Pour autant, les passages de migrants se poursuivent, et avec eux, leurs lots de drames. Ainsi, l’armée a récemment secouru un groupe d’une centaine de personnes en plein désert à destination de la Libye. Selon Air-info basé à Agadez, ces migrants ont été abandonnés en plein désert par les passeurs, sans eau ni nourriture.

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