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Niger/otages : la version officielle française, les zones d’ombre

Devant les députés à l’Assemblée nationale, le Premier ministre a livré d’autres détails sur l’assaut final au cours duquel les deux jeunes otages Français ont été tués, samedi soir à la frontière entre le Mali et le Niger. Des témoignages recueillis sur place ne lèvent pas totalement l’hypothèse d’une bavure de l’armée française.
Article rédigé par franceinfo
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Trois jours après la mort des deux otages Français, tués au cours de l’opération destinée à les libérer, le Premier ministre François Fillon a livré aux députés de nouveaux détails sur l’opération.

Un premier accrochage a eu lieu dans la région frontalière entre le Niger et le Mali, entre le commando et l’armée nigérienne. Au cours de cet accrochage, quatre membres du commando ont été tués, selon Niamey.
L’armée nigérienne a alors demandé l’appui des forces françaises, selon François Fillon. "C’était une décision difficile, que nous ne pouvions pas ne pas prendre", assure-t-il.
L’assaut final, qui s’est déroulé en territoire malien, a mobilisé 30 militaires français "héliportés et parachutés" , alors que les ravisseurs cherchaient probablement à gagner un refuge. "Il y a eu des combats extrêmement violents", poursuit François Fillon.

Le Premier ministre réaffirme que les deux otages français ont été exécutés par leurs ravisseurs.

"Deux éléments d’Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique, ndlr) capturés durant les affrontements sont en cours d’interrogatoire par la garde nationale" nigérienne, selon Niamey.

Bavure de l’armée française ?

Une version officielle en partie mise à mal par des affirmations recueillies côté malien. Selon une source sécuritaire locale, les commandos français ont ouvert le feu sur le convoi, depuis les hélicoptères de combat, avant de descendre au sol. Cet assaut final a eu lieu à une quinzaine de kilomètres de la localité malienne de Tabankor.
_ Plus tard, des témoins ont vu les véhicules calcinés. Notamment un gros 4x4 immatriculé au Bénin. Or, selon des témoins qui ont assisté au rapt à Niamey, les deux Français avaient été jetés par leurs ravisseurs dans un 4x4 immatriculé au Bénin.

Selon une autre source, proche de la présidence nigérienne, les "corps (des deux Français, ndlr) étaient calcinés". "J'ai vu par terre les restes de gens brûlés, des morceaux humains", ajoute un éleveur malien, témoin de la scène. Selon une source médicale à Niamey, qui a pu voir les corps, les deux hommes "avaient été attachés, les mains dans le dos, et ils avaient des traces noires sur le corps".

Les dépouilles d’Antoine et Vincent seront rapatriées mercredi matin à Paris. Avant d’être autopsiées à l’Institut médico-légal.
Le président Sarkozy a promis la transparence totale sur cette affaire, car la France "n’a rien à cacher", a-t-il affirmé.
Cet après-midi à l'Assemblée, le Premier ministre a également mis en garde et appelé à la prudence les tour opérateurs et les entreprises qui emploient des expatriés dans la région du Sahel.

Gilles Halais, avec agences

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