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Massacre d'éléphants: le commerce sous contrôle de l'ivoire déclaré hors la loi

La Convention internationale sur le commerce d'espèces sauvages menacées (Cites) a clos ses travaux ce mercredi 5 octobre à Johannesburg, en Afrique du Sud. Elle a été dominée par la controverse sur le commerce de l'ivoire. Certains pays de l'Afrique australe ont brandi leur «droit souverain» de vendre leurs stocks d'ivoire confisqués aux braconniers. Ils n'ont pas eu gain de cause.
Article rédigé par Martin Mateso
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le parc national de Chobe au Botswana. Il abrite plus du tiers des éléphants africains. (Photo AFP/Frans Lanting)

 
Les représentants du Zimbabwe, de la Namibie, mais aussi de l’Afrique du Sud ont accusé ouvertement les ONG occidentales de défense des animaux de dicter aux Africains la façon dont ils doivent gérer leurs ressources.
 
«Nous avons des droits souverains et nous savons mieux que les autres ce qu’il faut faire de nos ressources naturelles et comment les utiliser», a martelé la ministre zimbabwéenne de l’Environnement Oppah Muchinguri qui a dénoncé «des positions impérialistes».
 
Une position soutenue par le représentant de la Zambie Stephen Mwansa: «S’il vous plaît, laissez-nous tranquilles et ne venez pas nous dicter ce que nous devrions faire», a-t-il lancé aux participants à la Convention de Johannesburg dont la protection des pachydermes constitue l’un des principaux enjeux.
 
«Un boulevard aux gangs criminels»
Selon l’Union internationale pour la protection de la nature, 110.000 éléphants africains ont été massacrés au cours de la dernière décennie. Les statistiques ont montré que les populations d’éléphants ont été moins décimées en Namibie et au Zimbabwe que dans d’autres pays voisins.
 
Ces deux pays avaient demandé un feu vert à la Cites pour écouler leurs réserves d’ivoire confisqué ou provenant de pachydermes décédés de mort naturelle, avec l’objectif  de financer ainsi leurs programmes de protection.
 
Cette proposition a été très largement rejetée, à la grande satisfaction des ONG de défense de la faune qui redoutaient une incitation au braconnage. Le commerce international de l’ivoire est interdit depuis 1989.
 
«La population des éléphants d’Afrique connaît un rapide déclin en raison du braconnage, ouvrir le marché de l’ivoire aurait compliqué les efforts pour les conserver», a réagi Ginette Hemley qui conduit la délégation du Fonds mondial pour la protection de la faune sauvage (WWF).
 
Elle estime que la proposition de la Namibie et du Zimbabwe aurait pu ouvrir «un véritable boulevard aux gangs criminels pour faire du blanchiment d’ivoire braconné».
 

Un entrepôt de défenses d'éléphants saisies par les gardes du parc national du Zimbabwe. (Photo Reuters)

Mettre fin aux marchés intérieurs de vente d’ivoire
Les délégués de la Cites avaient déjà dénoncé les marchés intérieurs de vente d’ivoire qui «contribuent à la contrebande et au commerce illégal».
 
Jusque là favorable au commerce sous contrôle de l’ivoire, le Botswana a finalement voté en faveur du maintien de son interdiction totale.
 
Dans les années 2000, la Cites avait autorisé la Namibie, le Zimbabwe, l’Afrique du Sud et le Botswana, à vendre leurs stocks d’ivoire à la Chine et au Japon, ce qui a eu pour effet, selon de nombreux experts, de relancer le braconnage alors qu’il avait enfin été jugulé après le gigantesque massacre des années 1980.
 
Reste à savoir si la mesure d'interdiction totale votée par la Cites à Johannesburg sera respectée. L’on sait que l’Afrique du Sud et le Zimbabwe autorisent la chasse à l’éléphant, comme celle d’autres animaux menacés, et permettent aux chasseurs d’emporter les défenses comme trophée. Une activité lucrative à laquelle ils n’entendent pas renoncer.

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