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Naufrage du Wakashio à l'Île Maurice : le risque de marée noire est "réel" et serait "catastrophique" pour l'environnement, alerte un journaliste

"Au moins 350 tonnes" de fioul ont été pompées mais le bateau menace de se fissurer en deux, voire trois morceaux. Deux cuves sont pour l'heure intactes mais pourraient se briser sur les récifs, craint Jean-Luc Émile du groupe de presse mauricien Défimédia.

Article rédigé par franceinfo
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Un homme récupère de l'huile provenant du Wakashio qui s'est échoué le 25 juillet près du parc marin de Blue Bay au large des côtes du sud-est de l'île Maurice. (JEAN AURELIO PRUDENCE / L'EXPRESS MAURICE)

Le risque de marée noire est "réel" et serait "catastrophique" pour l'environnement et les récifs coralliens de l'île Maurice, redoute le journaliste Jean-Luc Émile, chef d'édition du Défimédia, groupe de communication et de presse de l'Île Maurice, mardi 11 août sur franceinfo. Le vraquier Wakashio, contenant environ 3 000 tonnes de fioul s'est échoué le 25 juillet au large du pays et a déjà déversé 1 000 tonnes dans l'eau, selon le Premier ministre mauricien Pravind Kumar Jugnauth qui se prépare au "pire des scénarios".

Vous attendez-vous à une marée noire sur l'Île Maurice, comme l'a déclaré le Premier ministre mauricien ?

Le risque est réel. Nous sommes déjà en état d'urgence environnementale. Tout est fait pour éviter la catastrophe.

L'eau turquoise qu'on voit sur les cartes postales a cédé la place à une eau visqueuse et les plaques d'hydrocarbure sont toujours visibles. 

Jean-Luc Émile, chef d'édition du Défimédia

à franceinfo

Alors pourquoi cette déclaration du chef du gouvernement ? Parce que la coque du bateau est déjà fissurée, de nombreuses brèches importantes, a précisé le Premier ministre. Le vraquier pourrait à n'importe quel moment se couper en deux, voire en trois. On a pu pomper au moins 350 tonnes de fioul. Il n'y a plus de fioul déversé à la mer. Il y a deux autres cuves qui sont en parfait état. Donc, ce qu'on craint maintenant, c'est qu'au moment où ce bateau risque de céder, ces cuves se retrouveraient sur les récifs et on ne sait pas ce qui peut se passer, est-ce que ce fioul se déversera dans la mer ou pas. On ne peut pas savoir quelle partie du bateau va se fissurer. 

Le gouvernement mauricien a-t-il tardé à réagir ?

Les Mauriciens critiquent le gouvernement pour la léthargie dans la mise en place de l'opération, mais le gouvernement réplique en disant que des remorques étaient arrivées mais étaient au loin parce qu'elles ne pouvaient pas s'approcher de ce vraquier battant pavillon panaméen et qui est d'origine japonaise, en raison du mauvais temps, car il y avait des houles importantes de 2,5 mètres environ. Les Mauriciens répondent que la première priorité aurait dû être de puiser le fioul. Mais selon les explications données par les autorités, c'était difficile de mener cette opération, d'autant plus, comme le Premier ministre l'a dit, nous n'avons pas l'expertise, pas les équipements nécessaires, d'où l'appel à l'aide. L'opposition demande pourquoi avoir attendu aussi longtemps, le douzième jour depuis que le bateau est chez nous, pour demander l'aide de la France. Les bateaux, les avions sont arrivés depuis samedi avec des hommes et des tonnes d'équipements, et les experts.

Craignez-vous que cette catastrophe environnementale ait aussi des conséquences sur l'économie ?

Cette partie de l'île est hautement touristique. Il y a le parc marin qui est un espace protégé avec des récifs coralliens, des coraux millénaires. Il y a les opérateurs de bateaux de plaisance qui emmènent les touristes visiter cette zone au quotidien. Plus d'un millier de personnes par jour visitent cet espace-là. Il y a aussi l'île aux Aigrettes qui est un sanctuaire d'animaux endémiques avec des oiseaux endémiques, et ces espèces sont menacées. L'île aux Aigrettes a été évacuée tandis qu'on essaie d'éviter que l'eau visqueuse arrive jusqu'au parc marin parce que ce serait catastrophique. Les opérateurs touristiques sont déjà touchés par le Covid-19. Les frontières sont toujours fermées à l'Île Maurice. Pas d'avions, pas de touristes. Et maintenant, si les touristes ne viennent plus voir notre parc marin qui est quand même idyllique en temps normal, ça pèserait lourd dans la balance pour l'économie mauricienne.

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