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Chagos : l'ONU somme Londres de rendre l'archipel de l'océan Indien à l'île Maurice

Les Chagos se trouvent au cœur d'un litige vieux de cinq décennies, depuis la décision britannique de séparer en 1965 cet archipel de l'île Maurice et d'y installer une base militaire commune avec les Etats-Unis sur l'île principale de Diego Garcia.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Au milieu de l'océan Indien, Diego Garcia, la plus grande des îles de l'archipel des Chagos, est devenue en 1966 une base militaire conjointe britannique et américaine d'importance, au détriment des habitants. (STRINGER . / X80002)

Cinglant revers pour le Royaume-Uni. Le 22 mai 2019, à l'Assemblée générale de l'ONU, une majorité de pays lui a demandé de rétrocéder l'archipel des Chagos à l'île Maurice, d'ici au mois de novembre. L'ensemble, constitué de 55 îles, abrite une base conjointe britannique et américaine, stratégique.

Initiée par les autorités mauriciennes de Port-Louis, une résolution de rétrocession, non contraignante, mais à forte valeur politique, a été adoptée par 116 pays, six s'exprimant contre, dont le Royaume-Uni, les Etats-Unis, l'Australie et la Hongrie. Cinquante-six Etats ont choisi l'abstention. Les pays africains ont, en revanche, voté massivement en faveur de la résolution.

Les Chagos se trouvent au cœur d'un litige vieux de 50 ans

Derniers occupants de l'île Maurice après les Portugais (qui s'en servaient surtout comme une escale pour leurs bateaux), les Hollandais (1598 - 1710) et les Français (1715 - 1810), les Britanniques lui accordent son indépendance en mars 1968. Cependant, trois ans auparavant, Londres avait décidé de séparer l'archipel des Chagos de la colonie qu'il formait avec l'île Maurice, pour installer une base militaire commune avec les Etats-Unis sur Diego Garcia, la plus grande des îles de l'archipel.

Pour ce faire, 2000 Chagossiens avaient été chassés vers Maurice et les Seychelles. Impuissant face au choix de Londres à l'époque, Port-Louis a, depuis 1975, multiplié les procédures judiciaires afin d'obtenir le retour des îles Chagos dans son giron. En vain, jusqu'au mois de février 2019.

"Le colonialisme ne peut plus être toléré"

C'est à ce moment que la Cour internationale de justice (CIJ) donne une suite favorable à la requête de Maurice. Rien de contraignant pour les Britanniques, mais une publicité dont ils se seraient sans doute bien passés. Dans un avis consultatif, l'instance déclare sans fioritures, que Londres doit, "dans les plus brefs délais", mettre fin à son administration des Chagos. L'espoir renaît auprès des exilés chagossiens. Mais depuis, plus rien.

"Le colonialisme ne peut plus être toléré", a lancé le Premier ministre mauricien Pravind Jugnauth, regrettant que Londres "n'ait pas fait amende honorable".

Plus déterminées que jamais, les autorités mauriciennes ont décidé ensuite de porter le dossier devant l'Assemblée générale des Nations unies, même si ses décisions n'ont pas force de loi internationale, contrairement à celles du Conseil de sécurité.

Dans leur avis, les juges de la plus haute juridiction de l'ONU ont remonté le temps. Ils ont estimé que le Royaume-Uni avait "illicitement" séparé l'archipel des Chagos de l'île Maurice en 1965.

Le contrat d'utilisation de la base militaire prolongé par Londres jusqu'en 2036

Pour sa défense, l'ambassadrice britannique aux Nations unies, Karen Pierce, a souligné que ce dossier était un problème bilatéral. Elle a insisté sur le "rôle vital" de la base militaire pour la sécurité de la région, "dont Maurice".

Pour justifier le maintien de son contrôle, le Royaume-Uni insiste sur le rôle défensif de cette base, qui permet de protéger le monde contre "les menaces terroristes, le crime organisé et la piraterie".

En 2016, le Royaume-Uni a prolongé jusqu'en 2036 un contrat sur l'utilisation de la base militaire avec les Etats-Unis. Celle-ci a joué un rôle stratégique clé lors de la Guerre froide avant d'être utilisée dans les années 2000, lors des conflits en Irak et en Afghanistan.

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