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Maroc : les mines de charbon fermées de Jerada tuent toujours

Suite à la mort en décembre 2017 de deux mineurs clandestins, des émeutes avaient secoué la ville de Jerada, au Maroc. Le pouvoir marocain fait aujourd’hui fermer 2000 mines illégales dont l’exploitation sauvage fait pourtant vivre des milliers d’habitants. La population ressent un profond sentiment d’abandon dans ce pays où les mines de charbon ont fermé en 1990.

Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Vue générale de la ville de Jerada (Maroc) (FADEL SENNA / AFP)

La région de l’Oriental, à l’est du pays, près de la frontière algérienne, est une des plus déshéritées du Maroc. Pourtant, la ville de Jerada, au sud d’Oujda, a connu son heure de gloire grâce au charbon après la Seconde guerre mondiale. En 1953, 350 000 tonnes sont extraites. Ce sera l’apogée. La population atteint les 60 000 habitants, un nombre qui dès lors ne cessera de baisser, accompagnant le déclin du charbon. Et en 1990, ce sera l’hallali avec la fermeture des mines.

Entrée d'un puits de mine abandonné dans la région de Jerada (FADEL SENNA / AFP)

Depuis, la misère s’est abattue sur la ville. Pour survivre, beaucoup s’aventurent dans les mines désaffectées. Ils remontent des tonnes d’anthracite pour le compte d’entrepreneurs peu scrupuleux. Les mines sont dangereuses, non sécurisées et les accidents nombreux. Chaque année, on compte deux à trois mineurs tués par les éboulements, 44 décès depuis 1998.

C’est ainsi qu’en décembre 2017, deux jeunes hommes ont perdu la vie. Un fait divers qui a déclenché des émeutes. En mars 2018, les manifestants ont mis le feu à cinq véhicules de police, blessant des policiers.

Réponse à deux faces

Aujourd’hui, le calme est revenu. Le pouvoir a donné quelques gages à la population en bouclant la "convention de mise à niveau" de la commune de Jerada. Un programme qui devait s’achever en 2018. Il s’agit essentiellement d’aménagements routiers, mais aussi de la création d’un marché en partie couvert.

En ce début d’année 2019, le gouverneur de la province, Mabrouk Tabet, a donné aussi le coup d’envoi de deux projets à vocation sociale. Construction d’une bibliothèque au collège et d’une maison des jeunes d'un coût de 2,5 millions de dirhams (230 000 euros).


Le pouvoir veut mettre fin à l’exploitation sauvage des mines. Selon le ministère de l’Energie, le gouvernement aurait fermé 2000 puits abandonnés et exploités clandestinement. Les 1500 restants seront fermés cette année promettent les autorités. Car l’exploitation illégale de ces puits désaffectés se poursuit avec son cortège de victimes. Neuf décès ont été enregistrés en 2018, dont cinq pour le seul mois de novembre.


Mais en même temps que la fermeture de mines, des permis d’exploitation sont accordés. Un total de 26 pour des "jeunes de la région qui se sont regroupés dans des coopératives avec le soutien des autorités", précise l’AFP.
Car le problème de Jerada reste entier. Il s’agit de développer économiquement la région, et ce n'est pas une mince affaire.

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