Deux femmes en robe jugées pour outrage à la pudeur: mobilisation au Maroc
ArrĂȘtĂ©es pour «outrage Ă la pudeur» le 16 juin 2015 dans le souk dâInezgane, prĂšs dâAgadir, deux jeunes femmes de 23 et 29 ans se retrouvent aujourdâhui devant le tribunal. Leur tort? Ces jeunes coiffeuses se sont rendues au souk vĂȘtues de robes. HarcelĂ©es par les commerçants, elles ont ensuite Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©es par la police, jugeant leurs tenues «indĂ©centes». Le procĂšs a Ă©tĂ© reportĂ© au 13 juillet. Elles risquent jusqu'Ă deux ans de prison.
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Lâannonce de lâarrestation de ces jeunes femmes a vivement indignĂ© les Marocains, provoquant des manifestations dans cinq grandes villes du pays, le 6 juillet : Rabat, Casablanca, Agadir, Tanger et Marrakech.
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Â#mettre_une_robe_nest_pas_un_crime #liberte #casablanca #freedom #morocco pic.twitter.com/ZyGvbsu273
â Layal Rhanem (@LayalRhanem) July 7, 2015
Mobilisation sur internet
Sur les rĂ©seaux sociaux, le mouvement «Mettre une robe nâest pas un crime» soutient les deux jeunes Marocaines et lutte contre la rĂ©gression des libertĂ©s de la femme au Maroc. Nombreuses sont celles qui ont spontanĂ©ment publiĂ© des photos dâelles vĂȘtues de robes et dĂ©couvrant leurs jambes sur la page Facebook du mouvement. Une initiative de soutien qui en rappelle une autre: celle en faveur d'une Ă©tudiante algĂ©rienne interdite d'entrĂ©e dans son universitĂ© parce quâelle portait une jupe trop courte.
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ÂMais oĂč va ce pays : prison pour avoir portĂ© une robe, agression pour homosexualitĂ© #Furieuse #Mettre_une_robe_nest_pas_un_crime #Mohcine
â Meriam Aidani (@MeriamAidani) July 2, 2015
ÂPoursuivies au #Maroc pour avoir portĂ© une robe: NON! ##Mettre_une_robe_nest_pas_un_crime! https://t.co/k76ynRvM7e
â Achraf Amil (@AchrafAmil) June 30, 2015
Une pĂ©tition en ligne a Ă©galement rassemblĂ© plus de 24.000 signatures pour soutenir les jeunes femmes et dĂ©noncer «une atteinte aux principes fondamentaux de libertĂ© et d'Ă©galitĂ© entre hommes et femmes adoptĂ©s par lâEtat marocain».
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Cette polĂ©mique se joint Ă la vague liberticide qui sâest abattue rĂ©cemment sur le Maroc. Une vidĂ©o publiĂ©e sur internet montre un homme lynchĂ© par des passants Ă FĂšs parce quâil est homosexuel. Des pancartes «Respect Ramadan No Bikinis» («Respectez le ramadan, pas de bikinis») ont Ă©tĂ© installĂ©es sur les plages dâAnza, prĂšs dâAgadir, demandant aux femmes de ne pas porter de bikinis pendant le mois saint musulman.
Un avant-projet de rĂ©forme du code pĂ©nal contestĂ©Â
La rĂ©pĂ©tition de ces affaires inquiĂšte les associations de droits de l'Homme. Fouzia Assouli, prĂ©sidente de la Ligue dĂ©mocratique des droits des femmes, affirme dans le Huffington Post que «la violence dans lâespace public est institutionnalisĂ©e et approuvĂ©e par la justice»  et que «lâEtat caresse dans le sens du poil le machisme primitif». Une critique qui fait Ă©cho Ă celles qu'a provoquĂ© la prĂ©sentation de lâavant-projet de rĂ©forme du code pĂ©nal en avril 2015.
Cette refonte de la loi marocaine nâapporte pas suffisamment de progrĂšs pour la sociĂ©tĂ© civile qui la trouve mĂȘme rĂ©trograde. Ce projet prĂ©voit de maintenir la peine de mort, de continuer Ă punir les relations sexuelles hors mariage et lâhomosexualitĂ©. Mais si les libertĂ©s individuelles ont Ă©tĂ© rĂ©guliĂšrement menacĂ©es au Maroc, ses citoyens se mobilisent Ă chaque fois pour les dĂ©fendre.
Le projet du nouveau code pénal ne nous représente pas. Il ne doit en aucun cas passer #NoPasaran #Maroc
â Othman Naciri (@othmannaciri) April 8, 2015
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