Des marins marocains bloqués à bord de leur bateau à Gênes sans argent, ni nourriture
Sept marins marocains sont bloqués à bord de leur bateau, retenu dans le port de Gênes. Sans nourriture, ni salaires depuis des mois, ils survivent grâce à la générosité du milieu portuaire. Les marins ne veulent pas quitter leur navire de peur de ne jamais récupérer leurs salaires impayés.
C’est une histoire de marins perdus, abandonnés à leur sort sur les quais d’un port. Ils sont sept à bord du Rif. Un ancien ferry transmanche en cours de rénovation, pour servir sur le détroit de Gibraltar. Depuis des mois, le bateau est bloqué en Italie. Les marins n’ont pas d’argent, ne perçoivent pas de salaire, et c’est grâce à la générosité publique qu’ils peuvent manger.
Le propriétaire est la compagnie Detroit World Logistic Maritime (DWLM). Elle a vu le jour en mars 2016. Son siège est à Tanger au Maroc et son capital se monte à 20 millions de dirhams (2 millions d’euros). Elle appartient à Hakim Rahmouni, "discret homme d’affaires actif dans le domaine de la logistique avec le groupe FLM spécialisé dans le transport pour le BTP".
Le site l'économiste.com nous en apprend plus sur la saga du Rif, l’unique bateau de DWLM. Le ferry a commencé sa carrière sur le transmanche en 1980. Il a été acheté 11 millions de dirhams (1 million d’euros) et a été remis à neuf dans un chantier naval italien du groupe Jobson, spécialiste italo-marocain de la remise en état de bateaux. Selon l'économiste.com, "les responsables de la société se disent tranquilles quant à la rentabilité de l’opération et pensent commencer à devenir bénéficiaires dès la 4e année, le secret étant la forte proportion d’autofinancement qui atteint les 85%, selon DWLM".
L’objectif était de faire naviguer le vieux ferry sur le détroit de Gibraltar entre Tanger et Algesiras. Au printemps 2018, les travaux ont bien avancé et sa mise en service semble proche, probablement pour les grandes vacances.
Mais depuis, Le Rif n’a toujours pas navigué. Au gré de sa rénovation, on retrouve la trace du bateau à Naples, puis à La Spezia, principal lieu de la construction navale italienne, et enfin Gênes. C’est là qu’en novembre 2018, alors qu’il est au mouillage, il rompt ses amarres en pleine tempête. En dérivant, le ferry percute plusieurs autres bateaux, et l’intervention de deux remorqueurs évite un bilan plus lourd. Les dégâts sont tout de même estimés à trois millions d’euros.
Depuis, le bateau a été saisi par la justice. Elle a demandé une intervention dans les plus brefs délais du propriétaire, qui pour l’heure n’a pas répondu aux injonctions. Le chantier naval, notamment, lui réclamerait le paiement de la facture.
France info Afrique a tenté, en vain, de joindre le groupe DWLM à Tanger. Nous ignorons quelles sont ses intentions quant au sort du ferry et de son équipage.
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