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Mali. Après le 4e soldat tué, "il faut s'attendre à des mois de combats très durs et à des morts"

Un quatrième soldat français, qui participait à une opération à 100 km de Gao, a été tué aujourd'hui au Mali. Jean-Marc Tanguy, spécialiste des questions de Défense, analyse la situation sur place. 

Article rédigé par Julie Rasplus - Propos recueillis par
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Des soldats français patrouillent dans les montagnes de l'Adrar des Ifoghas, dans le nord-est du Mali, le 1er mars 2013. (GHISLAIN MARIETTE / ECPAD)

Un quatrième soldat français a été tué au Mali. Ce brigadier-chef du 68e régiment d’artillerie d’Afrique de La Valbonne (Ain) est mort dans la matinée, mercredi 6 mars, "dans un accrochage avec des groupes terroristes locaux". Il participait à une opération de sécurisation dans l'est du pays, à 100 km de Gao. Son décès a été annoncé par l'Elysée dans un communiqué. Selon l'état-major, quatre militaires maliens ont aussi été blessés au cours de cet accrochage.

François Hollande a "rend[u] hommage au sacrifice de ce militaire qui a accompli avec courage et dévouement sa mission pour libérer le Mali des groupes terroristes." Il a "adress[é] à sa famille et ses proches ses très sincères condoléances et les [a] assur[é] de la pleine solidarité de la Nation". Avant ce soldat, trois autres militaires français ont été tués depuis le début de l'opération Serval au Mali, le 11 janvier : un pilote d'hélicoptère le premier jour de l'intervention, un sous-officier le 19 février et un caporal le 2 mars. Qu'est-ce que ces morts révèlent de la situation sur le terrain ? Francetv info a posé la question à Jean-Marc Tanguy, rédacteur en chef de la revue Raids Aviation et blogueur.

Francetv info : Le soldat français tué aujourd'hui au Mali est le quatrième depuis le début de l'opération, et le deuxième en moins d'une semaine. Peut-on dire que le conflit est en train de se durcir ? 

Jean-Marc Tanguy : Il n'y a pas véritablement de nouvelle phase depuis le 17 février et le début de l'offensive dans l'Adrar des Ifoghas [massif montagneux situé dans l'extrême nord-est du Mali]. Il faut bien se rappeler des circonstances des autres militaires français tués, le 11 janvier puis le 19 février et le 2 mars. A chaque fois, c'est lors de combats durs contre les forces jihadistes que les militaires ont trouvé la mort. Et on ne parle pas des blessés. 

L'armée française a-t-elle été surprise par cette violence ? Etait-elle bien préparée ? 

L'armée a été plus surprise de progresser aussi vite que par les violences. Elle était bien préparée : elle a pris un mois pour faire venir le matériel avant d'attaquer la phase de combats. De plus, le mode opératoire des jihadistes n'est pas novateur. C'est un combat de type guérilla, avec des IED, c'est-à-dire des explosifs improvisés. On assiste à un conflit asymétrique avec, d'un côté, des équipements ultra modernes, et de l'autre, du matériel plus grossier ou parfois pas d'équipement. 

Selon vous, doit-on s'attendre à des combats plus durs à l'avenir ?

Pour moi, nous ne sommes qu'au début d'un conflit qui va durer des mois. On n'a pas encore neutralisé le tiers des jihadistes situés sur Gao et Tombouctou. Il faut s'attendre à des mois de combats très durs et à des morts, évidemment. Le mois de février a été symptomatique car il n'y a pas eu de combats en janvier.

Les jihadistes ont usé de tous les types d'attaques possibles : IED, mines, échange de tirs... Surtout, la distance entre les combattants n'a cessé de décroître en février. Alors qu'il n'y avait pas d'adversaire jusque-là, on est passé à des confrontations sur une centaine de mètres puis à des combats sur une dizaine de mètres seulement. Mais on n'en est pas encore au corps-à-corps. A ce moment-là, ce sera bien plus violent que maintenant. 

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