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Putschs en Afrique : les acteurs de la culture incités à ne plus lancer de nouvelles invitations à des artistes du Niger, du Mali et du Burkina Faso

Ces trois pays ont été touchés par des putschs militaires ces derniers mois, et la France n'y délivre plus de visas.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Le Quai d'Orsay. Image d'illustration. (MAGALI COHEN / HANS LUCAS / via l'AFP)

La demande a été formulée aux acteurs culturels subventionnés, comme les centres dramatiques et chorégraphiques nationaux et scènes nationales, par le biais des directions des Affaires culturelles dans un mail envoyé mercredi 13 septembre. "Sur instruction du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, il a été décidé de suspendre, jusqu’à nouvel ordre, toute coopération avec les pays suivants : Mali, Niger, Burkina Faso", écrit le ministère de la Culture.

"Par conséquence, tous les projets de coopération qui sont menés par vos établissements ou vos services avec des institutions ou des ressortissants de ces trois pays doivent être suspendus, sans délai, et sans aucune exception (…) De la même manière, aucune invitation de tout ressortissant de ces pays ne doit être lancée", précise le courrier.

>> Tensions entre la France et le Mali : Paris et Bamako suspendent la délivrance de visas

Un "message au ton comminatoire" sans explications

Dans un communiqué, le Syndicat des entreprises artistiques et culturelles (Syndeac) dénonce un "message au ton comminatoire". Le Syndeac demande par ailleurs la tenue d'une "réunion immédiate avec le ministère des Affaires étrangères" afin que "les arguments des professionnels soient écoutés et que la solidarité de la France à l’égard des artistes soit affirmée avec force".

Selon les informations de franceinfo, cette demande du Quai d'Orsay a en réalité été adressée à tous les ministères et pas uniquement au ministère de la Culture. Cette note a été transférée mercredi sans le moindre commentaire, ni explication aux directions régionales des affaires culturelles (Drac), qui l'ont répercuté aux structures culturelles qui dépendent de l'argent public.

Aucune déprogrammation d'artistes, promet le gouvernement

Dans un communiqué publié jeudi 14 septembre, le ministère de la Culture assure qu'il n'y aura "aucune déprogrammation d’artistes, de quelque nationalité que ce soit". "Pour des raisons de sécurité, la France a suspendu depuis le 7 août la délivrance de visas depuis Niamey, Ouagadougou et Bamako, ainsi que la mise en œuvre dans ces pays de nos actions de coopération culturelle", précise-t-il. "Cette décision n’affecte pas les personnes qui seraient titulaires de visas délivrés avant cette date ou qui résident en France ou dans d’autres pays".

Au ministère des Affaires étrangères, une source proche du dossier précise quant à elle qu'il n'est pas question d'interdire toute coopération culturelle avec ces pays. Les artistes qui ont déjà reçu leurs visas vers la France ne sont pas concernés. En revanche, les représentations de la France dans ces trois pays tournent au ralenti et il n'est plus possible de délivrer de nouveaux visas. Selon le Quai d'Orsay, il est donc inutile d'inviter des artistes maliens ou nigériens en France.

"Nous sommes tous otages des décisions politiques. Ce sont des décisions qui nous dépassent, mais je les subis en tant qu’organisateur et en tant qu’artiste. On a une décision qui nous dit que ces artistes ne peuvent plus travailler ici, et c’est très grave, je le vis très mal"

Hassane Kassi Kouyaté, directeur burkinabé du festival des Francophonies en Limousin

à France Inter

"C’est un coup dur pour les artistes africains, pour leur liberté de parole et cela va compliquer de nombreux festivals à venir", poursuit Hassane Kassi Kouyaté, directeur burkinabé du festival des Francophonies en Limousin, dont la 40e édition débute ce mercredi 20 septembre.

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