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Nord-Mali, Aqmi et les Touaregs de Kadhafi

La situation dans le nord du Mali, où les enlèvements d'Européens se multiplient, inquiète les Occidentaux. Al Qaïda au Maghreb (Aqmi), qui revendique ces rapts, semble s'y être solidement implanté. Dans le même temps, des armes de l'armée libyenne sont venues renforcer son arsenal et d'anciens militaires touaregs d'origine malienne qui avaient servi le régime de Kadhafi rentrent dans leur pays...
Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Militaires maliens en manœuvre contre Aqmi à la frontière mauritanienne le 18-7-2011 (AFP - SERGE DANIEL )

Les enlèvements d’Européens, revendiqué par Al Qaïda au Maghreb (Aqmi) dans le nord du Mali, se sont multipliés ces dernières semaines. Parmi eux: deux Français dont l’identité soulève de nombreuses interrogations. Vaste étendue désertique aux confins de la Mauritanie, de l’Algérie, du Niger et du Burkina Faso, le Nord-Mali est une région très pauvre où le pouvoir central est faible.

Profitant de cette situation, Aqmi a apparemment su s’y implanter solidement depuis une dizaine d’années. Ses quelques centaines d’hommes, mi-terroristes, mi-bandits, répartis en petits groupes très mobiles, se sont fondus parmi les Touaregs, rétifs à l’autorité de Bamako, la capitale du Mali. Les premiers enlèvements ont commencé en 2003, fournissant ainsi d’appréciables sources de financement, grâce aux rançons. Aqmi s’intéresse aussi aux trafics traditionnels de la zone : armes, cigarettes et drogue. La nébuleuse disposerait ainsi d’un butin de plusieurs dizaines de millions d’euros pour financer un arsenal militaire.

L’effondrement du régime de Mouammar Kadhafi en Libye a peut-être contribué à renforcer cet arsenal. Les stocks d’armes de l’ancienne dictature ont fait l’objet de pillages, à commencer par des explosifs et de grandes quantités de missiles portables sol-air et Sam 7. Devant des députés, le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, a confirmé en octobre la disparition de 10.000 missiles sol-air en Libye ces derniers mois, affirme le blog du journaliste Georges Malbrunot. Toujours selon cette source, l'OTAN pense qu'ils représentent «une menace sérieuse pour l’aviation civile». «Les premières cibles concernées» par ces armes «d’Aqmi sont justement les avions civils français et occidentaux», croit savoir de son côté Le Courrier d'Algérie.

Risques de déstabilisation de tout le Sahel ?
Autre conséquence du conflit libyen: le retour au Nord-Mali de centaines de Touaregs maliens et nigériens partis se battre au côté de l’ex-« guide ». Armés, expérimentés, ils représentent «une menace pour tous les pays du Sahel», selon des responsables d’ONG actives dans la région. Il faut aussi tenir compte de «plus de 2000» (selon certaines sources) Touaregs maliens intégrés dans les troupes d’élite de l’armée régulière de Kadhafi. Poussés vers la Libye par la sécheresse ou la répression des rébellions, ils y vivaient depuis longtemps et en avaient acquis la nationalité.

Un récent incident vient nourrir les analyses pessimistes. Le 6 novembre dernier, un accrochage entre l’armée nigérienne et un groupe armé, survenu dans le nord du Niger à quelques dizaines de kilomètres de la frontière avec l'Algérie et non loin du Mali, a fait un mort et quatre blessés dans les rangs des militaires, aux dires des autorités locales.

Ce groupe était composé de Touaregs maliens venus de Libye et en route pour leur pays, selon des « sources concordantes » citées par l’AFP. Il y aurait eu 13 tués parmi eux. Sans préciser l’identité de ces derniers, l'armée nigérienne a affirmé avoir récupéré sur les lieux notamment des mitrailleuses, des roquettes RPG-7, des fusils d'assaut et des véhicules. Si l'information est vraie, il y a là de quoi donner quelques maux de tête supplémentaires aux chancelleries occidentales…
 

Deux nouveaux otages français au Mali: un sujet de France 3 (19/20, 24-11-2011)

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