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Mali : timide retour de l’armée dans Kidal, la capitale des Touaregs

L’armée malienne sera bientôt de retour à Kidal, la grande ville du Nord où elle n’est plus présente depuis 2014. 

Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Le convoi de l'armé malienne au départ de Gao encadré par les Casques bleus de la Minusma, le 10 février 2020. (Yaya Sangare/ Ministère de la Communication du Mali)

Le détachement a quitté Gao lundi 10 février 2020, destination Kidal. Il lui faudra, au mieux, quatre jours pour faire les 200 km qui séparent les deux villes. Le convoi est placé sous très haute sécurité, encadré par Barkhane et des éléments de la Minusma. Car ce détachement de l’armée malienne constitue une cible particulièrement symbolique.

Quel contexte ?

L’armée régulière malienne a été chassée de Kidal par l’offensive touareg de 2012. En 2013, un accord de paix pour le Nord Mali est signé à Ouagadougou entre le pouvoir de Bamako et les Touaregs. Un accord qui, en fait, ouvre un grand vide. La situation sécuritaire n’a jamais permis l’installation d’autorités intérimaires.

Les factions touaregs se sont battues entre elles et au final, la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) a pris le contrôle de la région. En 2015, un nouvel accord de paix est signé à Alger. Pas moins de six mouvements touaregs ou arabes font partie des signataires. Et tout cela reste très compliqué.

"A Kidal, la ville du Nord, symbole de la rébellion dans le massif de l’Adrar des Ifoghas, l’administration malienne n’est toujours pas revenue", écrivions-nous en juillet 2017. Les casques bleus de la Minusma et la force Barkhane sont présents, mais pas l’armée malienne. Et au sommet de Pau, le 13 janvier dernier, dans les discussions, il s’agissait bien de restaurer à Kidal l’autorité de l’Etat malien.

Quelles sont ces troupes ?

Le pouvoir de Bamako a bien conscience que la population locale ne va pas forcément accueillir à bras ouverts les Forces armées du Mali. Autant à cause de l’inefficacité dont elles ont fait preuve dans le passé, que par le sentiment de perdre en autonomie politique.

Des soldats maliens arrivent à Kidal après une patrouille le 26 juillet 2013. (KENZO TRIBOUILLARD / AFP)

Bamako insiste sur le terme "d’armée malienne reconstituée". Le président Ibrahim Boubacar Keïta en explique la philosophie lors d’une interview accordée à RFI et France 24 : elle "va comprendre les forces régulières maliennes habituelles et les éléments qui sont revenus, qui ont été réintégrés, suite au départ de certains, suite à d’autres recrutements au titre des groupes autrefois armés." Ce que RFI résume en : "Le groupe est composé, d’un tiers de militaires de l’armée régulière, un tiers d’ex-rebelles et un autre tiers d’ex-combattants progouvernementaux ".

Quel rôle vont-elles jouer ?

On est pleinement dans le domaine du symbole. Les 240 hommes et leur matériel ne pourront agir qu’en renfort d’autres troupes, ou comme durant ce transfert, encadrés par la Minusma et Barkhane. Un encadrement demandé par l’état-major, selon le site internet Abamako.com, qui rappelle que les soldats maliens ont réclamé aussi des renforcements de leur campement à Kidal : installation de projecteurs sur les miradors et construction de nouveaux bunkers. Et selon Abamako, la population attend surtout que cette troupe reste cantonnée dans sa caserne. "Comme quoi, le véritablement redéploiement devrait rester une conquête au-delà de la simple installation qui se dessine", conclut le site.

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