Mali : le président Touré démissionne et ouvre la voie à la transition
La démission d'Amadou Toumani Touré doit permettre aux putschistes de remettre les rênes du pouvoir à un président de transition.
Il n'était plus apparu publiquement depuis le putsch du 22 mars. Le président malien, Amadou Toumani Touré (ATT), dont le lieu de résidence est tenu secret, est apparu dimanche 8 avril à la télévision en boubou et chéchia blancs, l'air fatigué et amaigri. "J'ai décidé de vous remettre ma lettre de démission", a déclaré l'ex-président en rencontrant le ministre burkinabé des Affaires étrangères, Djibrill Bassolé, en charge de la médiation ouest-africaine.
Sur ces images réalisées dans la maison d'un proche du président déchu à Bamako, il a assuré démissionner "sans pression du tout", "de bonne foi" et "surtout pour l'amour" de son pays. Une élection présidentielle était programmée pour avril avant le coup d'Etat. Le président était arrivé au terme de son deuxième et dernier mandat autorisé par la Constitution malienne.
La junte a conclu vendredi un "accord-cadre" avec la médiation conduite par le Burkina Faso pour le compte de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao). Elle s'y engage à rendre le pouvoir aux civils après la démission d'ATT. En retour, le chef de la junte, le capitaine Amadou Sanogo, et ses compagnons se sont vu offrir l'amnistie. Maintenant, le président de l'Assemblée nationale, Dioncounda Traoré, doit devenir président de la période de transition. Elle doit s'achever par des élections présidentielle et législatives à une date non précisée.
Le président de transition va devoir régler le conflit dans le Nord
Le président burkinabé, Blaise Compaoré, a salué une "première" avancée. La Cédéao a aussitôt levé son embargo total, qui ne laissait que quelques jours de carburant et de riz au Mali.
Le futur président par intérim a reçu un appel téléphonique d'Amadou Toumani Touré, qui lui a souhaité bon courage pour sa mission. Il devra notamment régler le conflit dans le nord du Mali, qui a plongé le pays dans une situation chaotique. Il y a une semaine, rebelles touareg et islamistes ont scindé le pays en deux. L'un des principaux groupes armés, le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), a déclaré l'indépendance du territoire conquis.
Par ailleurs, un groupe dissident d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) a revendiqué l'enlèvement du consul d'Algérie et de six membres de sa mission jeudi à Gao, dans le nord-est du Mali. Cela porte à vingt le nombre d'otages de jihadistes dans le Sahel, dont six Français.
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