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Qui est Gilles Le Guen, le jihadiste français arrêté au Mali ?

Il était apparu en octobre à visage découvert dans une vidéo, dans laquelle il mettait en garde la France.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Gilles Le Guen dans une vidéo diffusée sur YouTube le 9 octobre 2012. Il y met en garde la France pour son intervention militaire au Mali. (SAHARA MEDIAS / FRANCETV INFO)

Le jihadiste français Gilles Le Guen a été arrêté dans la nuit de dimanche à lundi dans le nord du Mali, a annoncé mardi 30 avril le porte-parole de l'état-major des armées françaises, confirmant une information de RTL"Il est détenu par les forces françaises et doit être remis aux autorités maliennes", a précisé le colonel Thierry Burkhard, soulignant que l'éventuel retour en France du prisonnier ne relèvait pas de l'armée française. Francetv info dresse le portrait de cet homme. 

Un Breton converti à l'islam...

Dans un entretien avec L'Express, publié en janvier 2013, Gilles Le Guen, alias Abdel Jelil, explique suivre "le chemin de Ben Laden" et rejeter "l'impérialisme et la société de consommation"Marié à une Marocaine, père de cinq enfants âgés de 2 à 10 ans, le quinquagénaire né en Loire-Atlantique, affirme à l'hebdomadaire s'être converti à l'islam en France, en 1985. La même année, il a été employé par Médecins sans frontières pour des missions logistiques, selon Slate.fr, qui cite un cadre de l'organisation.

Après un passage par le Maroc et la Mauritanie, il s'est installé à Tombouctou en 2011. Dans un reportage réalisé en décembre 2012 dans cette ville, RFI présente Gilles Le Guen comme un Breton circulant à mobylette dans les rues de la ville malienne. La cinquantaine, "cet ancien de la marine marchande française vit ici avec sa famille, et s'occupe de la distribution de l'électricité", écrit alors le correspondant de la radio. 

... preneur d'otages présumé sur le site d'In Amenas...

Selon RTL et Rue89, l'homme est soupçonné d'avoir fait partie des preneurs d'otages du site gazier d'In Amenas, en Algérie, en janvier. Le site rappelle ainsi qu'un passeport français, n'appartenant pas aux otages, avait été retrouvé sur le site. 

En octobre dernier, Gilles Le Guen était apparu à visage découvert, vêtu d'une tunique beige et d'un turban noir, dans une vidéo où il mettait en garde la France, après son intervention militaire dans le pays. Il demandait notamment "au peuple français de s'opposer à toute agression qui ne serait pas dans son intérêt", évoquant "une catastrophe humaine et humanitaire".

... ou un espion français ?

C'est en tout cas la version détaillée par le site Slate, qui se base sur une enquête du magazine Foreign Policy. Il y est mentionné un rapport de dix pages écrites en arabe concernant Gilles Le Guen. En novembre 2012, le Français a ainsi été fait prisonnier durant quelques jours par les responsables d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), à Tombouctou. Ces derniers le soupçonnaient d'être un espion, comme l'explique Mathieu Guidère, spécialiste de l'islamisme radical et qui évoque "un profil tout à fait contradictoire".

Selon certains combattants, Gilles Le Guen aurait "reçu un coup de téléphone émanant de l'ambassade de France à Bamako". Un autre explique qu'il évoquait régulièrement la question sensible des otages européens au Mali. Au terme d'une vaste enquête, le Français aurait été placé en détention par Aqmi. Mais d'après d'autres sources, il aurait été arrêté pour avoir empêché des jihadistes de malmener des femmes, ou de créer une prison de femmes. Son arrestation, mardi, pourrait permettre de lever le voile sur le profil de cet homme. 

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