A peine investi, Keïta travaille à la réconciliation
Le 8 septembre 2013, après un an et demi de crise politico-militaire, le gouvernement malien a été formé par Ibrahim Boubacar Keïta, le nouveau président élu le 11 août pour un mandat de cinq ans. Un ambitieux à la réputation d’homme à poigne, comme le décrit Géopolis. Et il lui en faudra pour s’attaquer aux vastes chantiers qui attendent le pays, précise encore le site de France Télévisions.
C’est Oumar Tatam Ly, son nouveau Premier ministre, un banquier jusque là inconnu de la scène politique malienne, selon Jeune Afrique, qui a dévoilé la composition du gouvernement. Avec 34 ministères, ce dernier accueille des anciens et des nouveaux, comme une recrue de la Banque mondiale, un fonctionnaire de l’ONU ex-chef d’un mouvement rebelle du nord Mali dans les années 90, et d’anciens ministres des gouvernements Konaré et Touré, les deux prédécesseurs d’Ibrahim Boubacar Keita (familièrement appelé IBK).
Aujourd’hui, le président va devoir trouver un terreau favorable à la réconciliation, comme il l’a promis lors de son discours d’investiture. Et ce, tout en composant avec l’armée qui «engage sa refondation», selon Le Monde, et les religieux, comme le précise le JDD.
Une réconciliation qui passera par la justice et la reconstruction, selon lui. Des étapes que les Maliens vont scruter à la loupe, comme le précise RFI, en raison notamment d’un large déficit de confiance de la population dans ses institutions, comme le laisse supposer L’indicateur du Renouveau.
Des Assises annoncées
Au nord du Mali, la situation humanitaire devrait se stabiliser avec le retour des ONG, comme annoncé par MaliJet. Mais en matière de sécurité, il y a encore fort à faire dans la région. Des Assises nationales du Nord devant permettre d’avancer sur la question des rébellions récurrentes dans cette partie du pays ont été annoncées par IBK.
Le conflit a en effet exacerbé les tensions ethniques, notamment envers les Touaregs, considérés par une partie des Maliens comme des fauteurs de troubles soutenus par la France. Ceux du Mouvement national de libération de l'Azawad (MLNA) ont toutefois conclu le 18 juin les accords de Ouagadougou qui permettent à l’armée et à l’administration de revenir à Kidal, leur fief, comme le précise Le Figaro et le montre la vidéo ci-dessous.
Kidal au cœur des préoccupations
Aujourd’hui, le MNLA a appelé le nouveau gouvernement à œuvrer pour la paix. Au récent ministère de la Réconciliation nationale et du Développement des régions du Nord de plancher sur la question touarègue.
Le sort de la ville de Kidal, poudrière qui échappe encore au contrôle de l’administration centrale et dont la population touarègue a largement boudé la présidentielle, devra prioritairement être réglé.
Le déploiement de 12.600 casques bleus de la Minusma (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations-Unies pour la stabilisation au Mali mise en place début juillet) permettra de protéger les civils et soutenir le processus politique. La population en attend qu’elle assure «la souveraineté nationale» sur tout le pays, a indiqué Le Républicain, le 2 juillet.
Une force de maintien de la paix
Début septembre 2013, il ne restait plus que quelque 3.200 militaires français au Mali, selon des chiffres du ministère français de la Défense. Ils ne seront plus qu’un millier à la fin de l’année.
Reste donc au président Keïta, qui a conscience que le risque djihadiste n’est pas totalement écarté, à montrer sa capacité à y faire face. Il devra aussi se démarquer de ses alliés français. Sa crédibilité en dépend.
Pour l’encourager à remettre sur pied son pays, dont l’économie a été malmenée par la situation sécuritaire, les Etats-Unis ont annoncé la reprise de leur aide, interrompue après le coup d’Etat en mars 2012. Une bouffée d’oxygène pour le nouveau gouvernement.
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