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Madagascar: la peste, une maladie du Moyen Age devenue endémique

C’est une maladie du Moyen Age devenue endémique à Madagascar, où elle a fait de nombreuses victimes en 2014. Elle est considérée aujourd'hui comme un problème de santé publique sur la Grande Ile. Géopolis fait le point avec Jean-Marc Duplantier, chercheur à l'Institut de Recherche pour le Développement.
Article rédigé par Martin Mateso
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Une équipe s'apprête à effectuer des prélèvements sur le terrain (DR)

 
C’est inhabituel et c’est inquiétant, note Jean-Marc Duplantier, chercheur à l'IRD, l’institut de Recherche pour le Développement. Interrogé par Géopolis, le chercheur français basé à Montpellier, dans le sud de la France, fait remarquer que la peste a récemment fait son apparition à Antananarivo, la capitale malgache. Alors qu’elle était généralement confinée dans les campagnes.
 
Les ordures fournissent le gîte
Dans cette grande ville de deux millions d’habitants, réputée pour son insalubrité, les rats et les puces, vecteurs de la maladie, prolifèrent. «L’entassement des ordures fournit le gîte et le couvert aux rats et leur permet d’augmenter considérablement leur abondance. La pauvreté fait que les gens s’entassent dans une même pièce où ils stockent aussi la nourriture. De ce fait, le contact entre les rats, les puces et l’homme est quasi permanent, en particulier la nuit lorsque les rats se déplacent à la recherche de la nourriture.»
 

Le rat noir. Une espèce originaire d'Inde et introduite à Madagascar à la faveur des migrations. Ce rongeur maintient la peste sur la Grande Ile, selon les travaux menés par le chercheur Jean-Marc Duplantier. (DR)

Un problème de santé publique
Fin 2014, l’Organisation mondiale de la Santé faisait état de 119 cas de peste, dont 40 mortels. Aussi, les autorités malgaches ont appelé toute la population à participer à la lutte. Des brigades anti-rats ont même été mises en place pour faire la chasse aux rongeurs responsables de la pandémie.

«Ces équipes n’ont jamais eu vraiment les moyens nécessaires pour mener une lutte efficace», fait remarquer Jean-Marc Duplantier. Pour lui, lutter contre les rats est insuffisant et peut être dangereux. «Le principal problème, ce sont les puces de rats qui piquent l’homme et lui transmettent la peste. Lorsque les rats meurent de maladie ou sont tués, les puces quittent le cadavre et vont chercher un autre mammifère pour se nourrir. Dans les villes et les villages, le mammifère le plus abondant après les rongeurs, c’est l’homme. Toute dératisation doit donc obligatoirement être accompagnée d’une désinsectisation, sinon on risque de déclencher une épidémie humaine.»
 
Une équipe se préparant à poser des pièges à rongeurs (DR)

Les traitements sont bien connus
Jean-Marc Duplantier pense qu’il est possible de venir à bout de cette maladie endémique à Madagascar. La peste humaine est bien maîtrisée du point de vue médical, rappelle-t-il: «Les traitements sont bien connus et efficaces, à condition d'être administrés rapidement. Le problème est celui de l'accès aux soins et de la disponibilté des antibiotiques. L'autre problème concerne la rapidité de la prise en charge. La peste évolue très vite chez l'homme et il faut traiter les malades dans les 48 heures.» 

Mais la seule façon d’éviter les épidémies, insiste-t-il, c'est d'assurer une meilleure éducation, d'améliorer l’hygiène et le niveau de vie des populations: «Le problème est essentiellement socio-économique.»

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