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La politique malgache en quête de respectabilité

Après plus de trois ans de crise politique, Madagascar tente de sortir du tunnel avec l’annonce d’une réconciliation nationale et de possibles élections en 2012.
Article rédigé par Catherine Le Brech
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Le président de transition malgache, Andry Rajoelina, est reçu à l'Elysée par le président français, Nicolas Sarkozy, Le 7 décembre 2011. (LIONEL BONAVENTURE / AFP)

Le 17 mars 2009, l'ex-maire de la capitale Antananarivo Andry Rajoelina renverse le président Marc Ravalomanana qu’il contraint à démissionner. Un putsch qui isole l’île de la communauté internationale et de ses aides.


Des élections en ligne de mire
Pour entériner une normalisation politique dans la Grande île, la majorité des partis politiques malgaches finissent par signer après de nombreuses volte-face une feuille de route le 17 septembre 2011.

En découle un gouvernement de transition, le 22 novembre de la même année. A sa tête, le président de la Haute autorité de transition Andry Rajoelina et Omer Beriziky, un ancien ambassadeur, nommé chef du gouvernement.

Une feuille de route fixe la durée de la transition jusqu’en fin 2012, ce qui implique la mise en œuvre d’élections libres, crédibles et transparentes. Selon le code électoral, elles devraient se tenir entre «le 30 avril et le 30 novembre», mais des observateurs doutent de leur tenue durant cette période, faute de temps pour les organiser.


Vers un processus de réconciliation
Par ailleurs, un projet de loi d'amnistie mettant fin aux poursuites ou effaçant les condamnations pour des «infractions liées aux événements politiques entre 2002 et 2009» est adopté fin mars 2012. En sont exclus les crimes contre l'humanité, les crimes de guerre ou de génocide et les violations graves des droits de l'Homme.

Selon le projet de loi, «les criminels ne sont pas supposés être couverts par l'amnistie».


Antananarivo, le 21 janvier 2012: une militante pro-Ravalomanana attend l'ancien président à l'aéroport. Il ne posera pas le pied sur l'île. (AFP PHOTO / GREGOIRE POURTIER)


Un ancien président est rentré d’exil, l’autre pas
Condamné par contumace, notamment pour complot en vue de commettre des meurtres en 2009, Marc Ravalomanana serait touché par la mesure. En exil en Afrique du Sud, il tente en vain de fouler le sol de son pays depuis son éviction et s’est vu refuser le 21 janvier 2012 un énième droit d’entrée sur le territoire.

L'adoption de la loi sur le statut des anciens chefs d'Etat devrait également l'exclure du processus électoral alors qu'il se considère toujours comme le seul chef d’Etat légitime, car élu démocratiquement. La feuille de route prévoit en effet de garantir la sécurité aux anciens chefs d'Etat à condition qu’ils cessent toute activité politique partisane.

Didier Ratsiraka, ex-promoteur du «socialisme croyant» revenu à Madagascar le 24 novembre 2011 après neuf ans d’exil en France, est également concerné. Président de 1975 à 1993 puis de 1996 à 2002, il a été condamné pour détournement de fonds publics après sa fuite, une fois Marc Ravalomanana arrivé au pouvoir. Impliqué dans le processus de sortie de crise depuis 2009, il n'a pas signé la feuille de route.


L'eurodéputée verte Nicole Kiil-Nielsen dénonce la situation à Madagascar



Session plénière du Parlement européen, 15 juin 2001


Retrouver une crédibilité
S’il laisse planer le doute sur sa candidature, le jeune président de transition Andry Rajoelina – 37 ans – tente depuis des mois d’asseoir sa légitimité après avoir été mis au ban de la communauté internationale.

En visite officielle en France le 7 décembre 2011, il a reçu les félicitations de Nicolas Sarkozy sur «l’évolution de la situation politique à Madagascar». Ce qui marque le début d’un processus de reconnaissance et de légitimation accompagné de neuf millions d’euros de prêts débloqués par l’Agence française de développement.


Des indicateurs économiques sont dans le rouge
Le retour en grâce d’un gouvernement crédible et avec lui, les aides internationales, est attendu par les Malgaches qui vivent pour beaucoup dans le dénuement. L’aide internationale représentait près de 50% du budget de l’Etat avant 2009.

La Grande île, où la situation humanitaire, environnementale et des droits de l’Homme s’est dégradée avec les soubresauts politiques, retrouve l’aide au développement de l’Union Européenne depuis la fin 2011.

L’Etat défaillant  (2% de croissance en 2010), qui n’attire plus ni les investisseurs, malgré des ressources naturelles abondantes, ni les touristes, a du pain sur la planche pour relancer une économie moribonde, classée pire économie du monde en 2011 par Forbes.

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