"Si on attaque, on pourrait aller jusqu'à Benghazi" : après le recul du maréchal Haftar, la bataille de Tripoli prend une issue très incertaine
En Libye, les combattants fidèles au gouvernement reconnu par la communauté internationale sont parvenus à bloquer l'avancée des forces du maréchal Haftar parties de l'est du pays pour tenter de conquérir Tripoli.
En Libye, les troupes du maréchal Khalifa Haftar, l'homme fort de la province orientale, affrontent depus le 4 avril celles fidèles au Gouvernement d'union nationale (GNA) de Fayez al-Sarraj, reconnu par la communauté internationale. Ces combats pour le contrôle de la capitale libyenne ont déjà fait 400 morts, selon la presse libyenne, 50 000 déplacés, et fait voler en éclat un fragile processus de paix.
Pour se rendre sur la ligne de front, il faut prendre la direction des faubourgs de Tripoli, passer de l'effervescence du centre-ville aux quartiers désertés du sud de la capitale. Le raid éclair des forces du maréchal Haftar, parties de l'est du pays, a buté ici, à Salaheddine, à moins de vingt kilomètres des ministères du Gouvernement d’union nationale, reconnu par les Nations unies. Mahmoud, au volant du pick-up, raconte comment les assaillants ont été repoussés de quelques encablures : "Toutes ces positions ont été tenues par les forces d’Haftar. Il y avait des civils qui vivaient ici, mais ils ont été évacués."
Ça a été très dur de reconquérir ce quartier car ils avaient des tentes et des snipers partout. Mais nos hommes se sont jetés dans la bataille avec force pour les chasser d'ici.
Mahmoud, des forces alliées au GNAà franceinfo
Mahmoud ne prête pas attention aux coups de feu qui résonnent, tout comme ce groupe de combattants qui se reposent derrière un container. Tous veulent railler ce maréchal Haftar qui promettait une victoire rapide. "Haftar a déclaré qu’il allait prendre Tripoli, avant le début du ramadan. Mais dans ses rêves !, ironise Karim, la kalachnikov à l’épaule. "On a défendu mais si on attaque, on pourrait aller jusqu'à Benghazi", affirme-t-il.
Les forces du maréchal Haftar se trouvent à moins d’un kilomètre. La ligne de front est figée depuis quelques jours mais les balles sifflent au-dessus des têtes. Celle d’Abdelhakim est entourée d’un bandage. Blessé lors d’un combat, il voue une haine féroce à l’homme fort de l’est libyen qui prétendait chasser les milices terroristes de Tripoli. "Il est pire que Kadhafi !", tempête-t-il.
Regarde autour de toi. Tu vois des terroristes ? C’est nous qui avons libéré la ville de Syrte du groupe Etat islamique, pas lui ! Pas Haftar !
Abdelhakim, combattant pro-GNAà franceinfo
Et comme sur les lignes de front le calme est toujours relatif, celle-ci ne fait pas exception. Aux tirs de snipers venus d’en-face, les combattants loyalistes répondent avec des armes plus lourdes. Puis des mortiers explosent au sol à quelques dizaines de mètres. Le maréchal Haftar rêvait d'une guerre éclair. Elle est d’usure, sanglante, et son issue très incertaine.
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