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Libye : obligées d'abandonner leurs foyers pour fuir la violence, des familles squattent des immeubles abandonnés à Tripoli

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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De nombreuses familles quittent leurs appartements situés au sud de la capitale libyenne et cherchent désespérément à se reloger.

Le 4 avril 2019, le maréchal Khalifa Haftar, l'homme fort de l'est du pays, lance une offensive sur Tripoli pour tenter de prendre le contrôle de la capitale, siège du Gouvernement d'union nationale (GNA). Depuis cette date, plus de 140 000 Libyens ont été obligés d'abandonner leurs domiciles pour échapper aux bombardements et aux combats qui ont éclaté dans la banlieue Sud de la capitale. Certains habitent maintenant des immeubles laissés à l'abandon.

8 photos de Mahmud Turkia illustrent ce propos

A force d'être contraints de déménager constamment les ‎tripolitains qui habitaient au sud de la capitale, finissent par épuiser leurs économies alors que les loyers flambent. Seules 170 familles ont eu la chance de pouvoir trouver refuge dans six immeubles dans le quartier de Tarik al-Sekka en centre-ville. Depuis 2008, ici 150 appartements sont restés inhabités en raison d'un contentieux immobilier. Comme l'explique à l'AFP un déplacé: "C'est un cadeau du ciel", sinon, "c'était la rue". (MAHMUD TURKIA / AFP)
Mais Laila Mohamad une mère qui trouvé refuge avec ses sept enfants dans l'un de ces appartements déclare : "Nous vivons comme des animaux. Sans eau, sans électricité, sans tout-à-l'égout. (…) Tout ce que nous voulons, c'est une vie digne". Alors que son fils cadet est atteint depuis peu d'une maladie respiratoire chronique, elle ajoute : "Il a failli mourir à cause de la poussière !"    (MAHMUD TURKIA / AFP)
Malgré la terreur due aux mois de combats, Samira une autre déplacée voulait rester coûte que coûte dans sa maison d'Al-Khallatat, au sud de Tripoli. Mais après la chute d'une roquette près de son domicile, elle s'est résignée à partir. Comme Laila elle a trouvé refuge dans l'un des immeubles de Tarik al-Sekka. Elle loge avec ses quatre enfants dans une pièce de huit mètres carrés mais dit se sentir en sécurité, et loue la générosité d'un "bienfaiteur" qui lui a payé une porte et une fenêtre. "Même si ce n'est pas l'idéal, au moins c'est gratuit" raconte-t-elle.    (MAHMUD TURKIA / AFP)
Ces immeubles squattés du centre-ville sont situés à une dizaine de mètres du siège du GNA, qui semble avoir été dépassé par l'afflux des déplacés. Mayssoun al-Diab, chargée des déplacés et membre d'un "Comité de crise" du GNA, ne ménage pas le gouvernement, et critique l'"inaction des autorités".     (MAHMUD TURKIA / AFP)
Son comité a d'abord réquisitionné des écoles, des bâtiments publics et des hôtels. Mais face à la poursuite des combats, au nombre croissant de déplacés et à la rentrée scolaire, de nombreuses familles se sont retrouvées à la rue. Après avoir trouvé refuge durant plusieurs mois dans une école de Tripoli, des familles ont été chassés à l'heure du retour des écoliers.   (MAHMUD TURKIA / AFP)
Certaines familles ont rejoint alors les immeubles abandonnés et insalubres de Tarik al-Sekka. Selon Mayssoun al-Diab, le gouvernement a été incapable de trouver des logements de substitution à ces victimes de l'offensive du maréchal Haftar, livrant ces familles à l'avidité des bailleurs. "Le gouvernement ne leur a rien offert, même pas un soutien moral", dit-elle.      (MAHMUD TURKIA / AFP)
Relayé sur les réseaux sociaux, le calvaire de ces déplacés a ému des Tripolitains mieux lotis, qui leur sont venus en aide, alors qu'aucune issue au conflit libyen n'apparaît en vue. Quotidiennement, ces habitants viennent apporter de la nourriture, des couvertures et des vêtements, explique Salem el-Chatti, membre d'un collectif de déplacés. "Nous essayons de distribuer les dons (...) le plus équitablement possible", signale-t-il.        (MAHMUD TURKIA / AFP)
Abdel-Atti, un tripolitain, les bras chargés d'un matelas et de couvertures déclare : "Je passe devant ces immeubles tous les jours et ça me fend le cœur que mes enfants mangent, boivent et dorment au chaud alors que nos frères vivent ce drame".      (MAHMUD TURKIA / AFP)

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