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Libye: trois gouvernements, une impasse et la menace daech

La Libye est plus que jamais dans l’impasse. On pensait que l’accord politique conclu en décembre 2015 entre les deux clans opposés allait tout régler. Mais les parlements respectifs, de Tripoli d’un côté et de Baïda à l’Est de l'autre n’ont pas ratifié cet accord. Retour sur un imbroglio qui fait bien les affaires de Daech.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
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Le 17 décembre 2015, à Skhirat au Maroc, les trois factions libyennes se félicitent de la signature de l'accord de gouvernement. (AFP)

La Libye n’est toujours pas sortie du chaos. De fait, trois autorités se partagent le pouvoir. Le premier gouvernement, reconnu par la communauté internationale, contrôle en partie l’Est, la région de Cyrénaïque. Le général Khalifa Haftar commandant des forces régulières libyennes en est le leader. Le second pouvoir s’est créé à Tripoli, autour de milices musulmanes qui rejettent l’autorité du général Haftar et l’ont chassé de Tripoli.
 
La situation est restée figée un an. Le gouvernement islamique de Tripoli n’a pas réussi à pousser son avantage. Pire même, il est désormais l’ennemi de Daech, qui lui, s’étend à vive allure, lorgnant sur les champs pétrolifères de la côte, entre Syrthe et Brega.

 
Après des mois de négociation au Maroc, les deux camps sous l’égide de l’ONU sont parvenus à un accord. Un troisième gouvernement dit d’union nationale est crée. En partie basé à Tunis, il n’a pour l’heure aucun pouvoir. Sa composition devait d’abord être ratifiée par les deux parlements.

Un accord non ratifié 
Patatras, le Parlement de Tobrouk a rejeté ce gouvernement, réclamant une formation plus restreinte. Il était composé de 32 ministres censés représenter toutes les régions de Libye, conduit par un homme d’affaire tripolitain, Fayez al-Sarraj. Une nouvelle tentative doit avoir lieu dans les jours à venir. «A la demande du Parlement, Fayez al-Sarraj proposera une formation plus restreinte» a déclaré à l'AFP un conseiller de ce gouvernement, Fathi Ben-Issa, d'ici à dix jours.
 
Des atermoiements qui ne font pas les affaires des Occidentaux qui s’impatientent, vu les progrès de Daech dans la région. On prête à l’Italie, à la France et à la Grande-Bretagne l’intention d’intervenir en Libye pour contrer Daech. Or, selon le journal l’Opinion, il leur faut d’abord une base légale. Il s’agit de lutter contre le terrorisme en coordination avec les autorités libyennes.

«Le processus politique doit être plus rapide que l'expansion de Daech», a déclaré Martin Kobler, le chef de la mission de l’ONU en Libye. Il se félicite cependant que «beaucoup de députés qui boycottaient ont participé au vote. C’était une décision courageuse.» Le représentant de l’ONU a estimé cependant que le verre était à moitié plein.

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