Libye: l’Etat islamique a-t-il été défait à Syrte ?
Il aura fallu deux mois, presque jour pour jour, aux forces du gouvernement d’union nationale (GNA) pour porter un coup sévère à l’Etat islamique (EI) en Libye. Ces forces ont repris le Centre de conférence Ouagadougou, complexe qui servait de centre de commandement à l’EI, selon le porte-parole des forces du GNA, Reda Issa. Un hôpital et un campus universitaire ont aussi été reconquis.
Les combats ont manifestement été violents : 16 morts et une dizaine de blessés dans les rangs des militaires progouvernementaux. Parmi les djihadistes, 20 cadavres auraient été découverts.
Cette avancée est significative tant l’offensive menée contre l’organisation djihadiste traîne en longueur. Après trois semaines de guerre-éclair contre l’EI, les militaires du GNA sont entrés dans Syrte, le 9 juin 2016, bastion du mouvement armé.
Le président du conseil militaire de Misrata (dont les forces participent à l’attaque), Ibrahim Bitelmal, déclarait au Monde, le 10 juin 2016 : «Nous avançons sur tous les fronts, nous sommes en train de les étrangler (l’EI). Nous espérons contrôler la ville d’ici à quarante-huit heures».
Pourtant, le 10 août 2016, le groupe Etat islamique semblait contrôler encore plusieurs zones de Syrte. Selon Reda Issa, les djihadistes sont encore présents dans les quartiers «résidentiels 1, 2, et 3 ainsi que (dans) un complexe de villas près de la mer».
L’appui des Occidentaux
Les forces pro-gouvernementales reçoivent l’aide de plusieurs pays occidentaux, notamment celle, décisive, de l’aviation américaine. Celle-ci a effectuée 29 frappes depuis son engagement en Libye contre des positions djihadistes, le 1er août 2016.
Des forces spéciales américaines aident également, pour la première fois, les forces du GNA sur le terrain, selon le Washington Post, aidées par des troupes britanniques. Ces dernières sont actives en matière de renseignement et coordonnent les frappes aériennes.
Le rôle de la France et de l’Italie est moins évident. Cette dernière est engagée dans son ancienne colonie, mais les missions de son armée restent confidentielles. Selon La Repubblica, quelques dizaines de membres d’unités d’élites seraient présents dans le pays pour former des combattants libyens au déminage.
Quant à la France, son intervention dans le pays a été confirmée suite au crash d’un hélicoptère près de Benghazi. Trois militaires appartenant à la DGSE (les services de renseignement extérieurs) ont péri dans cet accident.
L’engagement de ces militaires occidentaux démontre que les forces pro-gouvernementales libyennes ont besoin d’une aide extérieure pour combattre l’Etat islamique en Libye, pourtant souvent dit à l’agonie.
Aide dont la nécessité n’est pas défendue par le Premier ministre du GNA, Fayez al-Sarraj, qui affirme que son gouvernement n’a «pas besoin de troupes étrangères sur son sol».
L’EI vaincu en Libye ?
Il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué … Car le groupe Etat islamique a de multiples fois été dit proche de la défaite. Pourtant, il semble toujours renaître de ses cendres dans le pays. On peut donc douter que l’organisation djihadiste disparaisse purement et simplement après une défaite dans son bastion (qui fut aussi celui de Mouammar Kadhafi).
Dans un rapport confidentiel du secrétaire général de l’ONU au Conseil de sécurité, Ban Ki-moon prévient : «Les pressions récentes exercées contre le groupe Etat islamique en Libye pourraient inciter ses membres, y compris les combattants étrangers, à se délocaliser et à se regrouper, en cellules plus petites et plus dispersées géographiquement, à travers la Libye et dans les pays voisins».
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