Les enlèvements se multiplient dans une Libye aux mains des milices
Fawaz Al-Itan, l’ambassadeur jordanien en Libye, a été enlevé alors qu’il circulait dans la capitale libyenne. Un porte-parole du ministère des affaires étrangères a annoncé que «son convoi avait été attaqué par un groupe d'hommes encagoulés, circulant à bord de deux voitures civiles.»
Le 21 mars, Mohamed Ben Cheikh, secrétaire à l’ambassade tunisienne à Tripoli, était, lui aussi, enlevé et emmené en voiture par des inconnus. Deux mois plus tôt, un représentant du gouvernement sud-coréen pour le commerce ainsi que plusieurs diplomates égyptiens disparaissaient dans le pays. Mohamed Ben Cheikh est toujours détenu, les autres ont été relâchés.
S'ils visent principalement le personnel diplomatique étranger, les enlèvements n’épargnent pas la classe politique libyenne. En octobre 2013, le Premier ministre, désormais démis de ses fonctions, Ali Zeidan, a été détenu pendant quelques heures par un groupe d’ex-rebelles. Ses kidnappeurs lui reprochaient d’avoir autorisé les Américains à arrêter à Tripoli un leader d’Al-Qaïda.
Des milices divisées mais surarmées
En janvier, la violence avait atteint un tel stade, notamment dans le sud du pays, que le Congrès général national (équivalent du Parlement) avait décrété l'état d'urgence. Le même mois, les corps d’un Britannique et d’une Néo-Zélandaise étaient retrouvés dans les alentours de la ville de Mellitah, à l’ouest du pays.
Les milices, dont certaines sont proches des branches les plus radicales de l'islam, sont bien souvent responsables de ces exactions. Depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi, elles se sont divisées en d’innombrables factions rivales et tentent de profiter d'une corruption généralisée dans le pays.
Le 13 avril, Abdullah al-Thinni, le Premier ministre par intérim nommé après la démission d’Ali Zeidan, a annoncé qu’il quittait ses fonctions après que sa famille et lui ont été la cible d’une attaque dans leur quartier. Son fils avait été détenu quatre mois avant d’être relâché en janvier.
Désert politique
Le pays n’a donc plus de Premier ministre, alors que le procès de Saïf al-Islam et Saadi Kadhafi, deux des fils de Mouammar Kadhafi, a commencé lundi 14 avril. Les deux hommes sont accusés d’assassinats, d’actes de torture et de bombardements sur des civils lors du soulèvement contre le régime de leur père. Pour autant, leur condamnation est encore incertaine. Il faut dire que la révolution a laissé une justice exsangue, souvent influencée par les milices.
Des milices devenues aussi puissantes grâce aux armes qu'elles ont récupérées au lendemain de la révolution. Dans une interview à France24, James Turton, en charge des réductions de violences armées pour Handicap International, explique que «le principal problème auquel les Libyens doivent actuellement faire face est la prolifération des armes légères.» La tâche est immense car il est extrêmement difficile de les comptabiliser et d’identifier acheteurs et revendeurs.
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