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Le torchon brûle entre la Libye et le Liban

La Libye ne participera pas au sommet économique arabe de Beyrouth après l'autodafé de son drapeau par des partisans du mouvement chiite Amal. Ces derniers accusent l’ancien dirigeant libyen, Mouammar Kadhafi, d’être responsable de la disparition de l’Imam Moussa Sadr, le fondateur de leur mouvement, en 1978 à Tripoli.

Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
L'ancien et défunt dirigeant libyen Mouammar Kadhafi (à gauche), le 9 juillet 2008 à Londres, accusé par le mouvement chiite libanais Amal d'avoir fait disparaître son fondateur l'Imam Moussa Sadr, (à droite, en photo d'archives des années 70), en 1978 à Tripoli. (AFP)

"Le siège de la Libye restera vide", c’est ainsi que le porte-parole du ministère libyen des Affaires étrangères a annoncé la décision de son pays de ne pas se rendre au sommet économique arabe qui doit se tenir dans la capitale libanaise du 16 au 20 janvier 2019.

La Libye a "décidé de ne pas participer à quelque niveau que ce soit, au sommet", a déclaré Ahmad al-Arbad au nom du Gouvernement d’union nationale (GNA) basé à Tripoli, après l’autodafé à Beyrouth, du drapeau de son pays .

L'Imam Moussa Sadr refait surface

Depuis le 14 janvier, des vidéos ont en effet circulé sur les réseaux sociaux montrant un groupe d’hommes décrocher le drapeau libyen hissé près du site où doit se tenir le sommet et le piétiner avant de le brûler en signe de protestation contre la participation de la Libye.

Ces hommes sont soupçonnés d’appartenir au mouvement chiite libanais Amal. Un mouvement fondé par l’Imam Moussa Sadr mystérieusement disparu lors d’un déplacement à Tripoli en 1978.

Depuis, Amal accuse l’ancien dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, déchu et tué par des rebelles lors du soulèvement de 2011, d’être directement responsable de cette disparition.

"Nous sommes contraints de boycotter la réunion de Beyrouth", car le Liban "n’a pas garanti le climat approprié, conformément aux engagements et aux usages, pour la tenue de tels sommets", a indiqué un communiqué du ministère libyen des Affaires étrangères.

Le GNA reproche aux autorités libanaises de ne pas avoir empêché l’atteinte au drapeau national et d’avoir interdit l’entrée du pays à des hommes d’affaires libyens qui devaient participer à des réunions en marge du sommet économique arabe.

Une foule en colère attaque l'ambassade du Liban

Le Conseil supérieur chiite libanais avait annoncé son refus de la participation d’une délégation libyenne au sommet de Beyrouth, en raison du "manque de coopération des autorités de Tripoli pour révéler le sort du dirigeant chiite Moussa Sadr".

En représailles, des manifestants libyens ont attaqué l’ambassade du Liban à Tripoli. Selon des médias libanais cités par Benin webTV, l’ambassadeur libanais Mohamed Sukeina a raconté que des foules en colère avaient convergé vers l’entrée principale du bâtiment où elles ont déchiré le drapeau libanais et l’ont remplacé par le drapeau libyen.

Des images de la plaque de l’ambassade, foulée aux pieds par des manifestants libyens, ont été publiées dans la presse et circulaient à leur tour sur les réseaux.

L’attaque n’a fait que des dégâts mineurs et aucun membre du personnel de l’ambassade n’a été blessé a toutefois indiqué le diplomate libanais.

Au Caire, le secrétaire général de la Ligue arabe Ahmed Aboul Gheit a exprimé sa "profonde préoccupation au sujet du drapeau libyen brûlé à Beyrouth" et demandé au Liban "d'assurer le respect total des délégations des Etats membres de la Ligue arabe" attendues au sommet.

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