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Le pétrole, principale ressource de la Libye

La production de pétrole, première richesse du pays, avait été pratiquement interrompue pendant les combats qui ont entraîné la chute du « guide » Mouammar Kadhafi. Elle a repris dès septembre 2011, avant même la fin du conflit en octobre. Les compagnies étrangères, notamment occidentales, sont rapidement revenues.
Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Le nouveau drapeau libyen flottant sur la raffinerie de Zawiya (40 km à l'ouest de Tripoli) le 23-9-2011 (AFP - MARCO LONGARI )

En mai dernier,  la production pétrolière libyenne atteignait 1,55 million de barils par jour, soit pratiquement celle d’avant le début du conflit, en février 2011.

Avant la chute de Kadhafi, le pays était le 17e producteur mondial de pétrole. Avec des réserves estimées entre 44 et 46,4 millions de barils, soit les plus grandes d’Afrique. Sans parler du gaz, largement sous-exploité. C’est dire la position du pays sur le marché ultra-sensible des hydrocarbures. D’autant que son brut est d’excellente qualité et ses gisements sont proches des centres de raffinage européens, parmi les plus importants du monde.

Le retour progressif à la normale de l'industrie pétrolière en Libye


AlQarraTvFr, le 25-4-2011

Le partage de la production avant le guerre civile
Avant le début du soulèvement contre le «guide» Mouammar Kadhafi en février 2011, la production pétrolière se partageait entre les filiales de la National Oil Corporation (NOC) libyenne et 35 compagnies étrangères. A commencer par l’italien ENI, le plus gros producteur, très présent pour des raisons historiques (la Libye est une ancienne colonie italienne), suivi du français Total, de l’américain ConocoPhilipps et de l’espagnol Repsol-YPF. On trouvait également d’autres acteurs, comme la firme chinoise CNPC et les russes Gasprom Neft et Tatneft.

En 2010, 28 % de l’or noir libyen était exporté vers l’Italie, 15 % vers la France, 11 % vers la Chine, 10 % vers l’Allemagne, 10 % vers l’Espagne.

Pendant le conflit, les installations pétrolières ont subi des dommages, notamment celles de Ras Lanouf, principal centre de raffinage du pays situé sur la Méditerranée, bombardée par les avions de l’OTAN. Résultat : la production est tombée en juillet à moins de 100.000 barils par jour. Mais elle est repartie avant même la mort de Mouammar Kadhafi (20 octobre 2011).

Torchère près de la raffinerie de pétrole de Zawiya, à 40 km à l'ouest de Tripoli, capitale de la Libye (AFP - MARCO LONGARI )

Au départ, les experts n’attendaient pas un retour à la normale avant 2013. Mais ils n’ont pas tenu compte du fait qu’en raison de la politique étrangère parfois erratique du «guide», la Libye était habituée aux situations de crise, notamment aux embargos internationaux. De plus, rapportent certains observateurs, les dommages causés aux installations d’hydrocarbures par la guerre civile ont été moins importants que ce qu’on pensait au départ.

Le retour des compagnies étrangères
Total a été la première compagnie étrangère à reprendre l’exploitation de ses gisements, suivie d’ENI. En janvier, le pétrolier italien était presque revenu à sa production d’avant-guerre. Il aurait pu en aller autrement, les nouvelles autorités libyennes ayant annoncé en décembre vouloir réviser les contrats signés du temps de l’ancien régime (portant jusqu’en 2042). Le Conseil national de transition (CNT) n’avait pas forcément apprécié les positions, souvent ambiguës, de l’Italie pendant le conflit.

D’autres pays, comme la Chine et la Russie, qui n’avaient pas voté la résolution 1973 à l’ONU autorisant la force contre l’ancien régime, pouvaient ainsi craindre pour leurs intérêts. Mais pour l’instant, les Libyens ne semblent pas avoir changé d’attitude à leur égard. Gasprom poursuit ainsi ses activités avec ENI sur le gisement Elephant à 800 km au sud de Tripoli.

A contrario, les pays qui ont soutenu les rebelles peuvent espérer un retour sur investissement. Parmi eux : la France et la Grande-Bretagne, à l’initiative de la résolution 1973.

Un garde du CNT surveillant les installations de la raffinerie de pétrole de Zawiya (40 km à l'ouest de Tripoli) le 27 octobre 2011. (AFP - MARCO LONGARI )

Accord secret avec la France ?
Les futurs contrats d’exploitation seront accordés «sur la base du mérite et non par favoritisme politique», assurait en août dernier un responsable libyen. Mais selon un document publié par Libération, un «accord secret» aurait été signé dès avril 2011 entre Paris et les rebelles. Accord par lequel ceux-ci promettaient d’accorder « 35 % du pétrole brut aux Français en échange du soutien total et permanent à notre Conseil». Un document susceptible d’accréditer la thèse des islamistes pour qui la guerre civile n’avait d’autre but que de faire main basse sur les ressources pétrolières du pays. Paris et le CNT ont démenti. Le second insistant sur la « transparence » de son comportement.  

«Transparence» ? Pas si sûr… Le parquet général à Tripoli enquête ainsi sur «de possibles 'irrégularités financières'» commises par des «opérateurs libyens et étrangers», aux dires du Wall Street Journal du 8 avril dernier (6). L’affaire porterait notamment sur des contrats conclus «pendant la guerre civile jusqu’à aujourd’hui». Elle impliquerait notamment ENI et Total.

Sans qu’il y ait forcément un lien de cause à effet, l’ancien ministre libyen du Pétrole du dictateur déchu, Choukri Ghanem, exilé à Vienne, a été retrouvé noyé dans le Danube à Vienne le 29 avril. Une noyade « sans intervention extérieure », a précisé la police autrichienne. «Etrange noyade», commente L’Express

Le corps de l'ancien ministre libyen du Pétrole retrouvé dans le Danube


BFMTV, 28-3-2011

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