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La Libye : un «marché aux esclaves» pour des migrants qui rêvent d’Europe

Le chef du Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) a effectué une visite surprise à Tripoli le 21 mai 2017 en Libye où il a rencontré des migrants dans un camp de rétention. Filippo Grandi s'est dit «choqué» de leurs conditions de vie «épouvantables» et a dénoncé des cas d'esclavage moderne.
Article rédigé par Eléonore Abou Ez
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Des migrants dans une base navale près de Tripoli, le 9 mai 2017, après leur arrestation par les gardes-côtes libyens.

	  (AFP/ Mahmud Turkia)
 
Selon l’organisme des Nations Unies chargé des migrations (OIM), il y a plus de 380.000 migrants en Libye. Le chiffre officiel se base sur le dernier recensement effectué entre décembre 2016 et mars 2017. Mais le nombre réel de migrants présents dans le pays est estimé entre 700.000 et un million. 
 
Depuis la chute de Kadhafi en 2011, la Libye est devenue la principale porte d’accès à l’Europe. En 2016, plus de 180.000 migrants étaient arrivés sur les côtes italiennes.


Des migrants subsahariens

Les migrants qui transitent par la Libye viennent essentiellement d'Afrique sub-saharienne. il payent entre 1000 et 5000 dollars pour faire le voyage et ignorent souvent les dangers qui les guettent. «Les migrants qui se rendent en Libye pour tenter d’atteindre l’Europe n’ont aucune idée de la torture qui les attend juste de l’autre côté de la frontière», affirmait à Genève le porte- parole de l’OIM, Leonard Doyle.

Centres de rétention
A leur arrivée en Libye, en provenance du Niger notamment après un long périple, de nombreux migrants en situation irrégulière sont arrêtés à des postes de contrôles. Ils sont aussitôt conduits dans des centres de rétention dans l’attente de leur expulsion. «Ces centres sont souvent gérés par des groupes armés… les détenus sont enfermés dans des conditions sordides… ils sont battus et soumis à des violences sexuelles», déplore Amnesty International dans son rapport annuel. Près de 20.000 migrants sont actuellement détenus dans des centres clandestins en Libye.
 
Des «marchés aux esclaves»
Pire que les centres de détention, l’OIM a révélé dans un rapport publié en avril 2017 l’existence d’un véritable trafic d’êtres humains. «Plusieurs migrants ont confirmé le risque d’être vendus comme esclaves sur des places ou dans des garages, soit par leur chauffeur, soit par des locaux, qui recrutent les migrants pour des travaux journaliers en ville… puis au lieu de les payer, ils vendent leurs victimes à de nouveaux acheteurs», précise  l’OIM. Pour être libérés des maisons dans lesquelles ils étaient détenus et battus, les migrants devaient payer entre 400 et 900 dollars qu’ils réclamaient à leurs familles au pays. Certains migrants qui ne pouvaient pas payer auraient été tués ou abandonnés à leur sort, comme le précise l'OIM.   
Des migrants africains dans un camp de détention à Tripoli, le 21 février 2017. (Ismail Zetouny / Reuters)

 
Formation aux droits de l’Homme
Face à ces nombreux problèmes, les Nations Unies semblent démunies. L’OIM a organisé des formations aux droits de l’Homme pour expliquer aux responsables et au personnel des centres de détention comment traiter humainement les migrants. Et pour améliorer les conditions de vie des migrants détenus, des centres ont été réhabilités pour répondre aux normes internationales. Il en existe une quarantaine en Libye dont certains sont gérés par des milices. 
 
De son côté, l’Union européenne se focalise sur la réduction du flux migratoire tout en promettant d’assurer des conditions décentes aux migrants bloqués en Libye. En attendant, le problème reste entier.

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