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"Ici c'est la Libye, pas la France" : à Tripoli, des manifestants dénoncent une "ingérence" de Paris, accusé de soutenir le maréchal Haftar

Des milliers de Libyens ont encore manifesté vendredi pour réclamer la fin des combats.

Article rédigé par franceinfo, Omar Ouahmane
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1 min
Des manifestants libyens opposés au maréchal Haftar, le 3 mai 2019 place des Martyrs (Tripoli). (- / AFP)

Tous les vendredis depuis un mois, Saba, une jeune maman, se rend place des Martyrs en plein cœur de Tripoli, pour dire sa colère. "France, enlève tes mains ! Ici c'est la Libye, pas la France. C'est notre pays", lance-t-elle. Comme elle, plusieurs milliers de Libyens ont à nouveau manifesté vendredi 3 mai pour dénoncer l'offensive militaire du maréchal Khalifa Haftar, qui a commencé il y a un mois. Ces manifestants accusent aussi la France de soutenir Haftar en sous-main.

Une véritable trahison pour Zarah, venue en famille. "Nous, le peuple libyen, avons été très choqués d'apprendre que la France soutient ce terroriste d'Haftar. La position française est totalement hypocrite." C'est pourtant sur cette même place que les habitants de Tripoli avaient fêté il y a huit ans la chute de Khadafi avec l'aide de la France, aujourd'hui conspuée.

Au début, la France a agi en toute légitimité car elle voulait réconcilier les Libyens. En soutenant Haftar, elle s'est retournée contre nous.

Une manifestante

à franceinfo

Au milieu de la place, Mustapha distribue des gilets jaunes qui s'arrachent comme des petits pains. "Les Français le portent pour protester contre la politique de leur pays, et bien moi aussi c'est pour m'opposer à la France, explique-t-il. Je suis contre son ingérence." Près de lui, un jeune tient dans ses mains un portrait d'Emmanuel Macron barré d'une croix rouge. Il se dit "déçu" par le chef d'État français et son gouvernement.

Certains manifestants, rassemblés place des Martyrs à Tripoli (Libye) le 3 mai 2019, portaient des gilets jaunes. (- / AFP)

La peur de ces Libyens est de voir les combats s'éterniser et la capitale rasée, comme à Benghazi dans l'est du pays ou le maréchal Haftar a gagné sa guerre contre les milices islamistes. "Tripoli sera détruite et ensuite il n'y aura aucune liberté politique, aucune liberté d'expression, s'inquiète Malak, une étudiante venue spécialement de Grande-Bretagne. Exactement comme à Benghazi, où si les gens critiquent Haftar, ils sont morts". C'est la raison pour laquelle beaucoup sont descendus sur cette place : rappeler que la communauté internationale doit imposer un cessez-le-feu avant qu'il ne soit trop tard.

Le reportage à Tripoli d'Omar Ouahmane

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