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Fin de partie pour le Premier ministre du Lesotho, Thomas Thabane, contraint à la démission

Accusé de complicité dans le meurtre de son ancien épouse, il tentait depuis des mois d'échapper à la justice de son pays.

Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
La dernière apparition publique de Thomas Thabane remonte au 8 mars 2020. Il assistait à une manifestation à Maseru, la capitale du Lesotho. (MOLISE MOLISE / AFP)

Dans une déclaration commune le 20 avril 2020, les partis politiques constituant le nouveau gouvernement de coalition ont annoncé la démission du Premier ministre du Lesotho. Dans un ultime baroud d'honneur, le 18 avril, Thomas Thabane avait appelé l'armée à assurer la sécurité du pays. Ainsi, des soldats armés patrouillaient dans les rues de Maseru, la capitale du pays, à pied ou à bord de véhicules blindés. Un petit air de coup d'Etat visant, selon Thomas Thabane, "à rétabli la paix et l'ordre", selon une rhétorique bien connue.

Ces mesures "ont été prises pour éviter de mettre la Nation en danger et pour assurer sa protection, ainsi que pour essayer d'endiguer l'épidémie de Covid-19", avait également justifié le Premier ministre, rapporte l'AFP.

Lâché par tous

C'était surtout une réponse à la Cour constitutionnelle qui, la veille, avait rejeté la décision du Premier ministre de suspendre le parlement. Thomas Thabane essayait ainsi de court-circuiter l'alliance politique visant à l'écarter du pouvoir. Le parlement suspendu ne pouvant pas valider un nouveau gouvernement.

L'ABC, son propre parti, l'avait déjà lâché. Désormais, certains membres du parti, dont quatre ministres de Thabane, entendaient faire cause commune avec l'opposition dans un gouvernement de coalition.

Finalement, Thomas Thabane a perdu la partie. L'armée est rentrée dans ses casernes et le gouvernement de coalition est en place. Le puissant voisin sud-africain, qui a joué les médiateurs, n'est sûrement pas étranger au déblocage de la situation et au retour au calme.

La fin d'un feuilleton judiciaire

Depuis des mois, Thomas Thabane se débattait avec la justice de son pays. Elle l'accusait d'être impliqué dans le meurtre de son ancienne épouse, Lipolelo Thabane, tuée par balles en juin 2017, deux jours avant l'investiture de son mari au poste de Premier ministre. Le couple était en instance de divorce depuis des années. Or, le téléphone portable du Premier ministre avait borné non loin de la scène de crime. Selon la police, son actuelle épouse, Maesaiah, serait le cerveau de l’affaire. Le couple a toujours nié, mais s'est régulièrement soustrait à la justice, notamment en fuyant à l'étranger.

Quel avenir pour Thabane ?

"Le gouvernement de coalition du Royaume du Lesotho s’engage à mettre en œuvre le processus ou les modalités de la retraite digne, gracieuse et sûre du très honorable Premier ministre", a annoncé le gouvernement dans un communiqué cosigné par les médiateurs sud-africains. Si le terme n'est pas prononcé, les observateurs pensent que cette "retraite digne" passerait par l'exil, vraisemblablement en Afrique du Sud. Ainsi, Thabane n'aura pas tout perdu. A 80 ans, il échappe à la justice, ce qu'il voulait par dessus tout.

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