Le journaliste tunisien Taoufik ben Brik en prison
Taoufik ben Brik s'est rendu lui même, hier, au commissariat, entouré d'une vingtaine d'amis et de soutiens. Le journaliste, connu pour ses articles critiques à l'égard du régime tunisien, était convoqué pour un incident de la circulation aux circonstances curieuses. Il était dans sa voiture en stationnement avec sa fille quand un véhicule l'a percuté par l'arrière. La conductrice l'a insulté et accusé d'avoir endommagé son véhicule et a porté plainte pour “violences et insultes”.
il s'agit “vraisemblablement d'une provocation” affirme l'avocat du journaliste, Me Ahmed Néjib Chebbi. Il ne s'explique pas autrement le maintien de son client en garde à vue, pour une affaire si banale, puis son placement sous mandat de dépôt après avoir été présenté au procureur. L'avocat évoque “des mobiles politiques” qui sous-tendent cette arrestation. Elle intervient à la suite d'une série d'articles virulents publiés par le journaliste dans la presse française.
18 MOIS DE PRISON
Selon Reporter sans Frontières, Taoufik ben Brik a été transféré à la prison de Mornaguia, située à 20 km au nord de Tunis. Il risquerait jusqu'à 18 mois de prison ferme. Seule sa famille, pas ses avocats, serait autorisée à lui rendre visite.
Cette arrestation ubuesque intervient alors qu'un autre journaliste, Slim Boukhdhir, fondateur de l'association “Liberté et Equité” a été agressé à Tunis. “L'arrestation de Taoufik Ben Brik et l'agression de Slim Boukhdhir constituent des violations inacceptables de la liberté d'expression”, a estimé Reporters sans Frontières, appelant la communauté internationale à “réagir face à ces agissements dignes d'un régime mafieux, au lendemain de la réélection de Zine el-Abidine Ben Ali”'' à la tête du pays.
En 2000, Taoufik ben Brik avait fait six semaines de grève de la faim pour protester contre les atteintes aux droits de l'Homme dans son pays.
Grégoire Lecalot, avec agences
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