Le gouvernement provisoire tunisien en passe d'être remanié ou remercié
Matelas et couvertures sont à nouveau de sortie à Tunis. La foule a de nouveau décidé de prendre ses quartiers devant la Primature, la résidence du Premier ministre, malgré le couvre-feu censé s'imposer dans la capitale tunisienne. Les manifestants n'en démordent pas : ils demandent la démission du gouvernement provisoire, coupable à leurs yeux d'être trop semblable à ceux de l'ancien régime. Ils ne veulent plus voir au pouvoir les anciens ministres du président déchu Zine Ben Ali.
Le général Rachid Ammar, très populaire chef de l'armée de terre, a eu beau se fendre d'un discours très applaudi, pour appeler les manifestants “à la modération” et leur demander de quitter les lieux, rien n'y a fait : “le discours du général était très bon, mais nous ne renonçons pas: nous resterons jusqu'à ce que tombe le gouvernement”, clamaient des manifestants. “Soit on nettoie tout une fois pour toutes, soit on va revenir à la dictature. Si l'arbre est pourri, il ne faut pas se contenter de couper les branches, il faut le déraciner”, expliquait un homme venu de Bizerte.
Le général Ammar a assuré que l'armée était “garante de la Révolution”. Il a assuré qu'elle resterait fidèle à la Constitution, en évitant de trop soutenir l'actuel gouvernement. mais il a mis en garde les manifestants contre la vacance du pouvoir, “qui engendre la dictature”, selon lui.
Tandis que la rue voit en la Kasbah, le quartier des ministères tunisiens une nouvelle Bastille à démonter, le gouvernement provisoire est peut-être en train de compter les heures qui lui restent. Les informations sur l'ampleur des changements qui pourraient affecter l'équipe ce mardi sont quelque-peu fluctuantes. Certaines font état de négociations entamées pour la remplacer par un “comité des sages”, dont il est difficile de savoir si il remplacerait ou superviserait le gouvernement. Cette instance pourrait comprendre des responsables politiques, des représentants de la société civile, des avocats et des responsables syndicaux. “L'idée est de créer une sorte de conseil pour la protection
de la révolution”, explique Sihem Bensedrine, une des figures de l'opposition à Ben Ali.
Mais l'existence de ces négociations n'a pas été confirmée. Au contraire, le gouvernement évoque une autre possibilité. Et la nouvelle révolution de palais annoncée pourrait se résumer à un remaniement. Le sort du Premier ministre de transition, Mohammed Ghannouchi sera en particulier suivi avec intérêt par les manifestants, qui réclament en priorité sa démission.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.