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La mort des deux Français enlevés à Niamey, "probablement exécutés" par leurs ravisseurs

Depuis vendredi soir les évènements se sont précipités. L'enlèvement des deux hommes dans un restaurant du centre de Niamey. Puis la course poursuite des militaires nigériens avec le soutien de l'armée française. L'interception des ravisseurs près de la frontière malienne. Et enfin l'annonce de la mort des deux prisonniers. Selon le porte-parole de l'état-major des armées, "à ce stade, tout laisse penser qu'ils ont été exécutés par les terroristes". Alain Juppé, le ministre de la Défense, se rendra demain à Niamey.
Article rédigé par franceinfo
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  (Radio France ©Reuters)

La mort des deux jeunes Français a été condamnée avec force par le président de la République en déplacement aux Antilles: “C'est la nation toute entière qui condamne un acte barbare
perpétré par des barbares, un acte d'une lâcheté inouïe. Ce crime odieux ne fait que renforcer la détermination de la France à
lutter sans relâche contre le terrorisme et contre les terroristes. Les
démocraties ne peuvent pas accepter cela. Les démocraties, c'est leur honneur, c'est leur noblesse, doivent lutter
pied à pied contre ces barbares venus d'un autre âge qui veulent terroriser le
monde entier. Nous n'accepterons jamais le diktat des terroristes et du
terrorisme”.

Dans le communiqué publié hier soir, Alain Juppé le ministre de la défense explique que “l'opération engagée, coordonnée avec des éléments français présents dans la région, a permis à ces derniers d'intercepter les
terroristes à la frontière avec le Mali et de neutraliser certains
d'entre eux. A l'issue de cette action, les corps des deux otages
ont été découverts sans vie”.

Ils sont morts “probablement exécutés par leurs ravisseurs” selon le communiqué du ministère de la Défense. Le porte-parole de l'état-major des armées, Thierry Burkhard, affirme qu'à ce stade, “tout laisse penser qu'ils ont été exécutés par les terroristes.” Et il revient sur le déroulement des opérations:
“En fin de nuit,” les ravisseurs “ont été localisés par un Atlantic 2, un avion de surveillance, alors qu'ils cherchaient à rejoindre une zone refuge. Donc une intervention des forces françaises a été coordonnée avec l'armée nigérienne et a été déclenchée. Deux soldats français ont été légèrement blessés et plusieurs terroristes neutralisés.

Exécutés avant l'accrochage?

Selon un haut responsable nigérien cité par l'AFP, “les ravisseurs ont été tués, mais les corps des otages ont quant eux été retrouvés dans un endroit un peu éloigné du lieu des combats, ce qui signifie
qu'ils ont été exécutés peu avant... Les ravisseurs ont trouvé la mort à bord de leur véhicule. Selon les renseignements en ma possession, ils en étaient les seuls occupants au moment de l'accrochage. Donc l'exécution des otages, c'était bien avant l'accrochage. ”

Trois des ravisseurs auraient été tués dans cet affrontement.

Ce drame survient alors que 5 autres ressortissants français, enlevés eux aussi au Niger, sont retenus par Al Qaida au Maghreb Islamique depuis le mois de septembre. Faut-il désormais craindre pour leur vie?

Selon Dominique Thomas, spécialiste des mouvements jihadistes à l'Ecole des
hautes études en sciences sociales (EHESS), “si c'est vraiment un coup d'Aqmi,
et même s'il s'agit d'une sous-traitance auprès de brigands locaux, l'objectif
est de dire à Paris : vos ressortissants ne sont plus en sécurité nulle part. Cela rentre dans le cadre de la guerre psychologique entamée avec la
France. Le but est de déstabiliser encore davantage la
situation, de prouver que dans tout le Sahel, même dans les capitales jusqu'ici
sûres, ils peuvent frapper. Pourquoi pas Ouagadougou, maintenant, pourquoi pas
le Tchad, le Nigeria ? Même si le rapt a échoué, les deux gars sont morts, et
ils savent que l'impact international sera très fort. Cela met Paris dans une position encore plus inconfortable, cela complique
encore davantage d'éventuelles négociations sur le sort des otages de
septembre: le but est atteint.

"Légitime et nécessaire" selon François Hollande

L'ancien numéro un du PS, François Hollande, a estimé ce matin sur Europe 1 que “dès lors que les autorités nigériennes l'ont souhaité, il était légitime et même nécessaire que les forces françaises contribuent à retrouver nos jeunes ressortissants”.

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