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La marine française accusée d'avoir laissé mourir des migrants en Méditerranée

En mars 2011, 63 Libyens fuyant leur pays sont morts dans le naufrage de leur canot. Des survivants assurent pourtant que la marine française et l'Otan avaient été avertis. Ils comptent porter plainte.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le porte-avions "Charles-de-Gaulle", accompagné du ravitailleur "La Meuse", au large des côtes libyennes, le 12 avril 2011. (CHRISTOPHE ENA / AP / SIPA)

La marine française a-t-elle laissé mourir des migrants africains ? Des ONG demandent à la justice d'établir les responsabilités dans la mort de 63 migrants qui fuyaient la Libye en mars 2011. Elles accusent la marine nationale d'avoir ignoré leurs appels de détresse. Quatre survivants devraient déposer vendredi 13 avril une plainte contre X à Paris pour non-assistance à personne en danger, selon Me Stéphane Maugendre, président du Groupe d'information et de soutien des travailleurs immigrés (Gisti).

Une zone surveillée par des dizaines de navires militaires

Le 26 mars 2011, peu après le début du conflit libyen, 70 Africains âgés de 20 à 25 ans et deux bébés avaient embarqué à Tripoli (Libye) à bord d'un fragile canot pneumatique, dans l'espoir d'atteindre les côtes européennes. A court de carburant deux jours plus tard, le bateau avait dérivé jusqu'à échouer sur les côtes libyennes le 10 avril. Seules neuf personnes ont survécu. "La connaissance par les militaires français du bateau en péril est avérée, d'après le projet de plainte. L'armée française ne pouvait pas ignorer le péril pesant sur cette embarcation et le besoin d'assistance de ses passagers." 

Pendant ces deux semaines, l'embarcation aurait été photographiée par un avion de patrouille français, survolée par un hélicoptère et aurait croisé au moins deux bateaux de pêche et plusieurs autres navires, dans une zone surveillée par des dizaines de bâtiments de plusieurs marines. Le quotidien britannique The Guardian (article en anglais), qui a révélé l'affaire en mai 2011, a même identifié le porte-avions Charles-de-Gaulle dans la zone où dérivait le canot.

"Aucun signe de détresse", affirme l'armée française

Le ministre de la Défense, Gérard Longuet, rejette en bloc ces accusations : "Rien, aujourd'hui, ne permet à ces ONG d'accuser l'armée française de non-secours aux migrants naufragés." Dans un communiqué, le ministre précise "qu'aucun bâtiment de guerre français n'a croisé un canot en détresse ni n'était dans la zone considérée aux dates indiquées par le rapport""Un avion de patrouille maritime français a bien pris, plusieurs heures avant l'appel de détresse, une photo, transmise aux autorités compétentes, mais cette embarcation roulait à vive allure et ne présentait aucun signe de détresse", a-t-il ajouté.

La plainte visera la France, mais d'autres pays sont susceptibles d'être concernés, a prévenu le président d'honneur de la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme (FIDH), Patrick Baudouin : "On se réserve d'agir (…) dans d'autres pays européens."

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