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La Côte d’Ivoire s’enfonce dans la crise politique

Deux présidents pour un seul pays. C’est la situation inédite que vit la Côte d’Ivoire depuis le deuxième tour de l’élection présidentielle du 28 novembre. Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara revendiquent tous deux la victoire et ont tous deux nommé un chef de gouvernement hier. La communauté internationale a, dans son ensemble, apporté son soutien à l'opposant Ouattara. Mais sur le terrain, la population s’inquiète des conséquences de ce bras de fer, dont certains craignent qu’il ne se transforme en une nouvelle guerre civile.
Article rédigé par franceinfo
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Deux présidents et deux premiers ministres* se disputent donc désormais la Côte d’Ivoire, qui s’enfonce dans une crise politique inquiétante. Tandis que les réactions se multiplient sur la scène internationale, qui dans sa majorité soutien l’opposant Alasane Ouatara, la population, elle, redoute des affrontements entre partisans des deux camps.
C’est aussi l’inquiétude qui prédomine parmi les quelques 15 000 Français installés en Côte d'Ivoire, mais aussi une certaine lassitude pour ceux qui ont déjà vécu les troubles de 2002 et 2004. Beaucoup d'entre eux ne souhaitent d'ailleurs pas parler au micro, les autres le font mais demandent à rester anonymes.
Seule bonne nouvelle, l'armée ivoirienne a annoncé qu'elle rouvrait ce matin les frontières terrestres, aériennes et maritimes du pays, qui étaient bouclées depuis jeudi. L’incertitude plane toujours en revanche sur le maintien ou l'arrêt du couvre-feu nocturne qui avait été instauré avant le scrutin du second tour et qui était censé prendre fin à l’issue des opérations de vote.

Sur le plan diplomatique, l'ex-président sud-africain Thabo Mbeki est arrivé hier sur place pour tenter une médiation au nom de l'Union africaine. Mais il semblerait que les deux présidents ivoiriens campent sur leurs positions. Alassane Ouattara, qui bénéficie du soutien de la communauté internationale, n'entend pas renoncer à la victoire.
_ Interrogé par nos confrères d’Europe 1 sur le fait de savoir s'il était prêt à "déloger" Laurent Gbagbo, son Premier ministre Guillaume Soro, également titulaire du stratégique portefeuille de la Défense, a répondu: " s'il nous oblige, on n'aura pas d'autre choix ", tout en plaidant pour une issue pacifique.

De son côté, Laurent Gbagbo, au pouvoir depuis dix ans, ne semble pas plus déterminé à lâcher les rênes du pays, malgré les appels répétés de ses (ex) homologues européens, comme Nicolas Sarkozy, qui l’a appelé à démissionner. Au cours d'une conférence de presse ce matin à New Dehli, en Inde, où il est en voyage officiel, le président français a précisé qu'il avait eu Mr. Gbagbo au téléphone ce week-end. Un entretien au cours duquel il lui a demandé de laisser la place au président élu Alassane Ouattara.

  • Déclaré vainqueur de la présidentielle du 28 novembre par la Commission électorale indépendante (CEI), avec 54,1%, l’opposant Alasane Ouatara a formé hier son gouvernement après avoir reconduit comme Premier ministre Guillaume Soro. Proclamé vainqueur par un Conseil constitutionnel acquis à sa cause, avec 51,45% des suffrages, le président sortant Laurent Gbagbo a immédiatement répliqué en nommant son propre Premier ministre en la personne de l'universitaire Gilbert Marie N'gbo Aké.

    Cécile Mimaut, avec agences

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