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La Côte d'Ivoire, le pays aux deux présidents

Le Conseil constitutionnel a désigné Gbagbo comme vainqueur de l'élection présidentielle, alors que la commission électorale avait validé hier la victoire de Ouattara... Aujourd'hui, le même Ouattara s'est présenté comme le président élu du pays - les Nations-Unies, l'Union européenne ne reconnaissent que lui.
Article rédigé par franceinfo
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Actualisé samedi à 1h

La Côte d'Ivoire a désormais une présidence bicéphale. L'un a manifestement été élu - la commission électorale a donné hier 54,1% des suffrages à Alassane Ouattara - ; l'autre, Laurent Gbagbo, a été désigné aujourd'hui par le Conseil constitutionnel. Vainqueur à 51,4%. Le Conseil a annulé les résultats dans sept des 19 circonscriptions du pays - celles favorables à Ouattara.

Le même Ouattara n'a pas tardé à contre-attaquer, se présentant publiquement comme “le président élu de la République de Côte d'Ivoire. Je demande à
toutes les institutions, notamment les forces armées nationales, la gendarmerie,
la police, d'assumer leur mission de protection des personnes et des biens sur
l'ensemble du territoire”.

Car Ouattara peut se targuer du soutien des Nations-Unies : leur envoyé spécial a validé les résultats de l'élection. Et le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-Moon, a félicité Alassane Ouattara “pour son élection et demande au président élu de travailler pour une paix durable, la stabilité et la réconciliation en Côte d'Ivoire”.
_ Cela dit, le Conseil de sécurité n'a pas réussi, cette nuit, à trouver d'accord sur une déclaration soutenant la victoire de Ouattare.

L'Union européenne, par la voix de son chef de la diplomatie, lui a emboîté le pas. Catherine Ashton “appelle toutes les parties au processus électoral à respecter la volonté du peuple et à en "accepter les résultats, tels que certifiés par le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies”.

Tour à tour, la France et les Etats-Unis ont félicité Ouattara. Nicolas Sarkozy a demandé au président sortant de “respecter la volonté du peuple” ; Barack Obama a lui aussi appelé Gbagbo à “reconnaître et respecter” le résultat.

Quant à la Cedeao, la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'ouest, elle a, elle aussi, exhorté la classe politique a respecter les résultats de l'élection.

En face, le clan Gbagbo peut s'enorgueillir du soutien du chef de l'armée. Dans une déclaration à la télévision nationale, le général Philippe Mangou, a fait allégeance au président sortant. “Nous venons saluer le président de la République, lui témoigner notre respect et lui renouveler notre allégeance, en
lui disant que nous sommes prêts à accomplir toute mission qu'il
voudra nous confier”.

Bref, le bras de fer ne fait que commencer. Et il pourrait rapidement dégénérer. Moins d'une heure après l'annonce des derniers résultats, des jeunes ont commencé à manifester plutôt violemment à Abidjan - en brûlant des pneus et en jetant des projectiles.

Ce soir, la présidence menace à présent d'expulser le représentant de l'ONU.

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