L'Europe laisse la France seule au Tchad
Les avions qui devaient emporter 12 soldats autrichiens, et 50 irlandais de l'opération militaire européenne Eufor sont restés sur leurs tarmacs ce matin. “Les avions ne partiront pas tant qu'il y aura de l'instabilité (au Tchad, ndlr), a indiqué le lieutenant-colonel Philippe de Cussac, porte-parole du quartier général de l'opération au Mont Valérien, près de Paris.
Sur place, la situation est tendue depuis hier. Une et peut-être deux colonnes de rebelles tchadiens ont entamé une offensive vers la capitale, N'Djamena.
La France est donc le seul pays européen à disposer de troupes sur place. Une situation qu'elle aurait préféré éviter, par crainte de confusion des genres.
L'armée française porte en effet une “double casquette” au Tchad. D'un côté, elle est engagée dans l'opération, Eufor, dont le but est la protection de plus de 400 000 réfugiés soudanais du Darfour ou du Tchad même. Elle doit se déployer en Centrafrique et dans l'est du Tchad d'ici mars.
De l'autre, Paris est lié par des accords militaires avec le gouvernement tchadien. Le dispositif Epervier - un millier d'hommes - prévoit une assistance logistique et du renseignement actif pour le compte de l'armée tchadienne.
Pour éviter toute confusion, la France, dans un premier temps, voulait que ses troupes soient minoritaires dans le contingent d'Eufor. Afin de lui donner clairement une tonalité européenne. Finalement, devant les réticences de ses partenaires, elle a accepté d'en constituer 60%.
A présent, si les Français doivent s'impliquer plus avant au nom du dispositif Epervier, ses partenaires pourraient lui reprocher de les mettre en danger dans l'opération Eufor. Ce qui risque de retarder encore la mise en place déjà laborieuse de la force européenne.
Sur place, les différentes forces en présence ne font rien pour sortir Paris de cette position inconfortable. Le gouvernement d'Idriss Deby a d'ores et déjà annoncé qu'il poursuivrait les rebelles jusqu'au Soudan, qu'il accuse de soutenir activement la rebellion. Une internationalisation du conflit risquerait d'engager encore plus la France à ses côtés.
Quant au Soudan, qui voit d'un mauvais oeil le déploiement d'Eufor à sa frontière, il a tout intéret à ce que la rebellion continue à perturber l'opération.
Grégoire Lecalot
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