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Quand la danse classique prend son envol dans les bidonvilles du Kenya

Article rédigé par Laurent Filippi
France Télévisions
Publié Mis à jour

Anno's Africa, Artists for Africa, Dance Center Kenya, Dancers For the World ou Project Elimu… de nombreux organismes et associations dispensent aujourd’hui des cours de danse classique aux enfants des bidonvilles kényans.

100 000 enfants vivent dans les bidonvilles de Kibera, au Kenya. Nombre d’entre eux, grâce à la passion et la volonté d’hommes et de femmes comme Anna Nygh, Cooper Rust, Mike Wamaya… se sont éveillés à l'art et particulièrement à la danse classique. Certains sont peut-être les danseuses et danseurs étoiles de demain.

12 photos illustrent ce propos.

Cooper Rust est une ballerine professionnelle du Columbia City Ballet, une compagnie de danse classique de Caroline du Sud, aux Etats-Unis. Quand elle découvre, à travers un reportage diffusé sur CNN, la compagnie Anno's Africa, où des jeunes issus des bidonvilles de Nairobi pratiquent la danse classique, elle est immédiatement intéressée. Elle décide alors de se rendre en 2012 à Kibera, le plus grand bidonville du pays, pour proposer ses services comme professeur bénévole au sein de cette structure.    (YASUYOSHI CHIBA / AFP)
Anno's Africa est une ONG britannique qui propose des projets artistiques et éducatifs aux enfants des bidonvilles du Kenya. Elle a été créée en 2006 en mémoire d'Anno Birkin, un jeune artiste mort à 21 ans dans un accident de voiture. 2000 enfants participent à ses ateliers créatifs. La danse classique amenée par Anna Nygh, danseuse professionnelle et administrateur de l'association, est l’un de ses programmes phares, car au-delà de l’apprentissage technique, elle permet aux enfants et adolescents de développer et d’acquérir une véritable confiance en soi.    (BEN CURTIS/AP/SIPA)
Très impressionnée par le travail d’Anno's Africa, Cooper Rust décide de s’installer Kenya. Elle fonde alors une organisation à but non lucratif, Artists for Africa (A4A). Son but : offrir une éducation artistique aux enfants des bidonvilles, fournir un logement aux jeunes artistes les plus talentueux et avoir la possibilité d’obtenir des bourses universitaires pour leur permettre de poursuivre leurs études au Kenya ou à l’étranger. Et peut-être embrasser une carrière…    (FREDRIK LERNERYD)
A Nairobi, Cooper Rust crée aussi une école et un studio de danse baptisé, le Dance Center Kenya (DCK). Aujourd’hui, elle y enseigne à plein temps l’art de la danse. Cette école professionnelle permet aux étudiants de danser intégralement une fois par an des ballets du répertoire classique, tels que "Casse-noisette", "Giselle", "Les Sylphides" ou "Cendrillon" au Théâtre national de Nairobi.    (YASUYOSHI CHIBA / AFP)
Eugene Ochieng, 12 ans, vit dans le bidonville de Kibera. Il a découvert la danse en 2018 et a été immédiatement séduit lorsque des membres de l’association A4A, sont venus faire une démonstration de cette discipline. Il a alors suivi les cours dispensés par Mike Wamaya, un danseur et professeur kényan qui a créé l’organisation Project Elimu.         (BRIAN INGANGA/AP/SIPA)
Mike Wamaya, issu lui aussi des bidonvilles, est devenu danseur professionnel et professeur de danse. Il a exercé son talent sur les scènes internationales et a été récompensé en 2017 du Teacher Prize, un prix attribué aux meilleurs enseignants du monde entier. En 2009, il a rejoint Annos Africa, mais après avoir passé plusieurs années au sein de l’équipe pédagogique, il a décidé de créer sa propre structure, le Project Elimu. Aujourd’hui, il n'enseigne plus au sein d’Anno's Africa, car il se consacre à plein temps à son organisation.    (THOMAS MUKOYA / REUTERS)
Le Project Elimu est une association dont le but est de fournir une éducation de qualité aux enfants des quartiers informels, au travers d’activités parascolaires : écriture créative, dessin, artisanat, éducation à la santé et bien sûr danse classique. Elle permet aussi aux enseignants des établissements scolaires informels et aux parents d’acquérir des outils nécessaires pour affronter le XXIe siècle. Actuellement, 25 écoles ont pu bénéficier de ses services.       (YASUYOSHI CHIBA / AFP)
Après avoir poussé les tables de leurs classe, les élèves se déchaussent, enfilent leurs tenues de danse et suivent les cours dispensés par Mike Wamaya et son équipe. Mike Wamaya offre ses services aussi au DCK de Cooper Rust et donne des cours virtuels en visioconférence, pour ceux qui possèdent des ordinateurs ou des téléphones portables.    (GORDWIN ODHIAMBO / AFP)
En 2019, Eugène a pu réaliser son rêve de pouvoir suivre les cours donnés au DCK grâce à l’appui financier d’une ONG  "Dancers For the World" qui utilise la danse à des fins humanitaires. Les membres de cette organisation, venus au Kenya pour travailler et soutenir des jeunes danseurs du Project Elimu, ont immédiatement repéré son talent et l’ont soutenu dans sa démarche de vouloir se professionnaliser.        (BRIAN INGANGA/AP/SIPA)
Mais aujourd’hui, à cause du coronavirus, Eugene ne peut plus s’entraîner, toutes les écoles étant fermées et les activités parascolaires suspendues.    (BRIAN INGANGA/AP/SIPA)
Quand Eugene, qui ne possède ni ordinateur, ni téléphone portable a su qu’exceptionnellement une petite poignée d'étudiants boursiers qui vivent dans une pension à proximité du DCK et Cooper Rust allaient participer à un cours donné en visioconférence, il n’a pas hésité une seconde à les rejoindre.        (BRIAN INGANGA/AP/SIPA)
Ce cours a été retransmis en ligne et a permis à certains de garder le contact avec leurs professeurs. Mais un encore trop petit nombre va pouvoir en bénéficier, déplore Cooper Rust, car même s'ils ont un accès à internet, peu d’élèves dans les bidonvilles possèdent des ordinateurs.           (BRIAN INGANGA/AP/SIPA)

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