Cet article date de plus de douze ans.
Le Kenya déchiré par des violences entre deux ethnies
Publié le 20/09/2012 14:38
Mis à jour le 25/10/2013 15:54
Temps de lecture : 1min
Depuis août 2012, la région de Tana River connaît un regain de tension entre différentes ethnies du pays. A ce jour, un bilan de cent morts est avancé, un chiffre qui risque de grimper.
Les heurts sanglants, qui ont commencé depuis le début de l’année entre Pokomos, des agriculteurs sédentaires, et Ormas, des éleveurs nomades, rappellent ceux de 2001 et 2007-2008 entre d’autres ethnies du pays.
Depuis des décennies, les affrontements interethniques au Kenya – qui compte une quarantaine d’ethnies – font des milliers de morts. En 2012, près de 200 personnes y ont laissé la vie.
Retour en onze photos sur l’histoire d’un conflit meurtrier.
réfugiés dans un centre de la Croix-Rouge kényane.
En août 2012, des violences ont lieu à nouveau dans le district rural de Tana River, dans le sud-est du pays, à 300 km de Nairobi, la capitale.Des hommes armés de machettes tuent et brûlent une cinquantaine de villageois ormas de ce district principalement des femmes et des enfants. (AFP PHOTO/Carl de Souza)
En septembre 2012, 300 personnes attaquent Kilelengwani, un village orma.
Un poste de police est brûlé et la Croix-Rouge kenyane confirme la mort de 32 personnes et la destruction de 167 maisons.Quelques jours plus tard, ce sont à nouveau 246 habitations qui sont incendiées dans les villages de Semikaro, Laini, Nduru et Shirikisho.
Des centaines de têtes de bétail sont abattues. ( AFP PHOTO/Carl de Souza)
Qui a commencé ? Personne ne pourrait le dire, tant les rancœurs et les vengeances sont monnaie courante entre ces deux communautés.
Mais ce ne sont pas les différences ethniques qui sont la principale raison de ces conflits ancestraux, mais l’accès à l’eau, principalement celle de la rivière Tana, ou encore le respect des pâturages. (AFP PHOTO/Carl de Souza)
Pour les ONG, la priorité pour le gouvernement est de mettre en place des structures pour que les ressources soient réparties de façon équitable.
La déforestation, soutenue par le gouvernement, a entraîné une baisse des précipitations, accentuée par le réchauffement climatique.
Même si les nappes phréatiques sont importantes, ce sont les infrastructures qui manquent pour répondre aux besoins d’irrigation, indispensable au bétail et aux cultures des terres arables. (REUTERS/Noor Khamis)
Mais d’autres interprétations ont également été soulevées concernant ces attaques.
Fin août, des conflits entre chrétiens, majoritaires dans le pays, et musulmans, ont éclaté suite au meurtre de Rogo, un prêcheur controversé soupçonné d’entretenir des liens avec les islamistes somaliens shebab.
Mais rien ne semble indiquer pour l’instant un quelconque rapport avec les conflits entre Pokomos et Ormas, tous deux de confessions musulmanes. (AFP PHOTO / Carl de Souza)
après les massacre du 10 septembre.
Pour certains observateurs, le conflit a pris un tour politique avec l’approche des élections prévues en mars 2013 afin d’élire le successeur du président Mwai Kibaki.
Le vice-ministre kényan de l'Elevage, Dhadho Godhana, député d'une circonscription du district de Tana River, inculpé d'avoir incité aux tueries, a été limogé. (AFP PHOTO/Carl de Souza)
D’autre part, le redécoupage électoral et la démographie ont modifié les rapports de force politico-ethniques.
Pour Abduhali Gudo, membre de la Commission de paix du Delta du Tana, «il s'agit d'éliminer une tribu de la zone pour créer un environnement politique favorable avant les élections générales». (AFP PHOTO/SIMON MAINA)
Les témoignages de certains habitants des villages attaqués renforce l’idée du tournant politique de ce conflit.
«Parmi les assaillants, il y avait des garçons pokomos que j'ai vus grandir (...), mais la majorité étaient des gens que je n'ai jamais vus.», dit l’un d’eux, ajoutant«Mais chaque fois que cela arrivait (les conflits, NDLR), les anciens des deux tribus trouvaient toujours un moyen de résoudre le problème… Cette fois ça n'a rien à voir avec la terre. Il s'agit de politique. De sale politique.» (AFP PHOTO/Carl de Souza)
des membres du Mombasa Republican Council, une organisation séparatiste qui défend l’indépendance de la Côte kenyane, demandent à la justice d'annuler la décision du gouvernement kényan de le déclarer «groupe criminel illégal».
Si les Pokomos sont majoritairement favorables à cette organisation, à l'inverse des Ormas, son implication dans les massacres ne reste pour l’instant que pure supposition. ( AFP PHOTO/Stringer)
On a du mal à imaginer, devant la beauté du paysage, le déchaînement de violence que le fleuve fait naître parmi ses riverains.
Déjà en 2001, près de 130 personnes avaient été tuées pour un conflit lié aux terres fertiles des pâturages du delta et à l’accès à la rivière Tana, là où vivent les Pokomos. (REUTERS/Mohamed Dahir)
Six ans après, plus de 1.000 personnes de différentes ethnies étaient tuées et des centaines de milliers d’autres déplacées suite à la réélection du président Mawai KIbaki face à Raila Odinga.
Une fois de plus, le caractère ethnique des violences a été mis en avant pour expliquer ces révoltes, alors qu’elles trouvent surtout leur origine dans les inégalités économiques et les disparités entre les régions. (REUTERS / Noor Khamis)
de localisation du district rural de Tana River (AFP)
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