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Au Kenya, les femmes kuria peuvent se marier entre elles

Chez les Kuria, le mariage entre femmes existe depuis la nuit des temps. Cette union appelée «nyumba ntobu» est réservée aux célibataires, aux veuves et à celles qui n'ont jamais eu de garçon ou ont perdu un fils. Ces femmes peuvent ainsi avoir un héritier et pérenniser une lignée. Mais c'est aussi, un moyen pour certaines d'entre elles d'échapper aux violences conjugales.
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Un couple de femmes kuria, ethnie présente en Tanzanie et au Kenya au sein de laquelle le mariage entre femmes est autorisé pour pérenniser la lignée. (TONY KARUMBA / AFP)

Le «nyumba ntobu» fait le bonheur des femmes kuria. Cette union entre femmes, essentiellement sociale, est une tradition ancestrale qui a toujours cours chez certaines ethnies kényanes dont les Kuria, établis dans le sud-est du Kenya et dans le nord de la Tanzanie. Son objectif: détourner la marginalisation des femmes n'ayant pas eu d'enfant au sein d'une communauté où les femmes sont généralement cantonnées à un rôle d'épouse et de mère.

C'est pour échapper à cette marginalisation, que ce mariage athypique permet aux femmes, trop âgées pour s'assurer une descendance masculine, d'en épouser une plus jeune. Cette dernière peut déjà avoir des enfants, ou être en âge de procréer.

La plus âgée prend alors le rôle de «mari» au sein du foyer et permet à sa jeune épouse de s'émanciper en fondant une famille. Elle peut donc ainsi perpétuer sa lignée sans pour autant être soumise aux inégalités et aux violences conjugales qui résultent souvent du mariage homme-femme au sein de cette ethnie qui fonctionne selon un shéma très patriarcal. 

La dot se paie en bétail 
C'est la femme-mari qui choisit les partenaires masculins de son épouse qui n'ont qu'un rôle de géniteur. Le garçon mis au monde permet alors à la femme-mari de devenir propriétaire et de disposer d'une terre dont l'enfant héritera. Dans certains cas, la femme-mari peut même donner le prénom d'un fils défunt au nouveau né. Lequel portera son nom devenant ainsi son héritier.

S'il n'est jamais consommé, le mariage doit être toutefois soumis, comme un mariage normal, à l'accord de la famille de la jeune épouse convoitée. La future femme-mari doit régler une dot, qui se paie avec du bétail, dont elle détermine le montant avec sa future belle-famille.

En cas de désaccord au sein du couple marié, c’est un tribunal traditionnel qui est alors chargé de régler le litige. Toutefois, il est déjà arrivé que ces affaires passent en justice même si le mariage kuria n'est toujours pas officiellement reconnu par la loi kényane. 


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