Kenya : un second député de l'opposition tué
C'est dans la vallée du Rift, qui borde le pays à l'ouest que le député David Kimutai Too a été tué. C'est le second député de l'ODM, le mouvement de l'opposant Raila Odinga, tué depuis le début des affrontements le 27 décembre, après la réélection contestée du président Mwai Kibaki. Melitus Mugabe Were avait été tué par balles dans la nuit de lundi à mardi devant chez lui, près de Nairobi.
Selon la police, le député rentrait à son hôtel en compagnie d'une femme, également policière et qui a aussi été tuée. Les enquêteurs privilégient la piste d'un crime passionnel et le tireur a été arrêté.
Des manifestations d'opposants ont eu lieu dans plusieurs villes, en particulier à Eldoret, ville de l'ouest, où le député a été tué. Des policiers ont dispersé la foule, faisant plusieurs blessés.
Mais la situation semble en passe d'échapper à tout contrôle. Malgré les interventions musclées de l'armée, la tension reste vive, en particulier dans la vallée du Rift, ou le spectre d'un nettoyage ethnique organisé se dessine. Selon le Département d'Etat américain, l'ethnie des Kalenjins, connue pour avoir donné de nombreux coureurs de fond au Kenya, cherche à expulser les Kikuyus, ethnie du président Kibaki, et en profite pour récupérer leurs propriétés. Du coup s'enclanche un cycle de représailles, les Kikuyus s'attaquent aux ethnies luo, kisii et kalejin. Désormais “l'objectif est peut-être de tuer”, s'inquiète l'émissaire américaine à l'UA, Jendayi Frazer qui dénonce “un nettoyage ethnique flagrant”.
Du coup les Etats-Unis menacent de revoir toutes leurs aides au Kenya, soit plus de 500 millions de dollars.
La communauté internationale pousse les deux camps à reprendre rapidement les pourparlers. “Le président kényan Mwai Kibaki et le leader d'opposition Raila Odinga ont une responsabilité particulière à résoudre pacifiquement la crise.”, a prévenu le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-Moon. Le médiateur de l'Union africaine, Kofi Annan, espère dénouer la crise d'ici un an.
Les affrontements au Kenya ont fait plus d'un millier de morts et 250 000 à 300 000 déplacés depuis un mois.
Grégoire Lecalot, avec agences
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