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Johnny Hallyday: une carrière française et des fans en Afrique

La carrière de Johnny Hallyday, mort dans la nuit du 5 au 6 décembre 2017, a surtout été hexagonale. Mais il a aussi fait des concerts dans de nombreux pays d’Afrique, notamment francophones. C'était «un pan de notre mémoire», a déclaré le chanteur de reggae ivoirien Alpha Blondy.
Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Johnny Hallyday à Bercy à Paris le 29 septembre 2006 (FRED DUFOUR / AFP)

«C'est un vieux complice qui vient de terminer sa mission sur terre. Johnny est un pan de notre mémoire culturelle pour les gens de ma génération», a expliqué à l'AFP le chanteur ivoirien âgé de 64 ans. «La chanson que j'ai beaucoup aimée est son duo avec Sylvie Vartan "J'ai un problème". Cela nous aidait à draguer les filles», s'amuse-t-il. Il se souvient aussi d'avoir interprété «Le Pénitencier» avec son groupe au lycée.

«Johnny Hallyday a donné plusieurs concerts en Côte d'Ivoire où il compte beaucoup de fans dont beaucoup de membres du gouvernement actuel!», assure Alpha Blondy. «Je me souviens aussi de son film "A tout casser" qui a fait fureur ici à Abidjan. Sur l'affiche, il était à moto avec des favoris sur le visage. On voulait tous avoir des favoris, C'était la bonne époque», conclut-il.
 
«La sympathie» que lui manifestaient les Africains est due «au rythme et au style de sa musique», observe le site de l’INA. La presse africaine en ligne n’a d’ailleurs pas manqué de rendre compte de la mort du chanteur.


Un ami du roi Mohammed VI
Outre la Côte d'Ivoire, la star a effectué, selon Le Monde«28 passages» sur le continent, notamment au cours des années 60: deux ou trois concerts au Cameroun, Maroc, Tunisie, Sénégal… Il s'est aussi rendu au Niger, Burkina Faso, Congo, Tchad…

Johnny Hallyday avait également effectué (en 1968) une tournée en Afrique du Sud : selon Wikipedia, il avait même fait une chute sur scène à Johannesburg à la suite de laquelle on avait dû lui plâtrer le pied. «Après chaque représentation, le plâtre, qui ne résiste pas à la fougue de Johnny, doit être remplacé. Négligeant l'avis des médecins, il refuse de s'arrêter et un soir de décembre à Lyon, au palais d'hiver, il s'écroule d'épuisement.» En 2012, il avait déclaré qu’il aimerait bien à nouveau se produire sur le continent.

Johnny Hallyday avec Mohammed VI à Marrakech le 19 septembre 2002 (ABDELHAK SENNA / AFP)

Le site marocain h24info raconte que le chanteur «et sa musique étaient appréciés de tous» et «pas qu’en France». Au Maroc, selon le site, il comptait «un fan et ami très particulier : le roi Mohammed VI». «‘‘Le roi a beaucoup d’affection pour Johnny Hallyday, et l’a rencontré à Paris à plusieurs reprises’’, nous a confié le publicitaire Nourredine Ayouch. S’il confirme que la relation entre le souverain et le chanteur français ‘‘est réelle’’, ce proche du palais affirme ne pas savoir à quand elle remonte, ni sa profondeur», poursuit le site. Apparemment, les deux hommes se tutoyaient. Mais Johnny appelait le souverain «Majesté», selon Jeune Afrique

Pour autant, la star avait aussi eu quelques démêlées sur le continent africain. Plus particulièrement en 1968, au Cameroun, comme le rapporte, là encore, Jeune Afrique.

«Pas de place pour le comportement yéyé»
Ainsi, selon cette source, Johnny aurait même fait l’objet d’un télégramme diplomatique de l’ambassade de France à destination du Quai d’Orsay. «Monsieur Smet, dit Johnny Hallyday, chanteur fantaisiste, a causé un esclandre le jour même de son arrivée à Yaoundé. Manifestement pris de boisson, il a déclenché une rixe à l’hôtel de l’Indépendance, au cours de laquelle il a frappé le ministre centrafricain de la Fonction publique qui se trouvait là», peut-on lire sur le télégramme. Selon le chanteur, «un type» qu’il ne connaissait pas «a dit des choses désagréables à notre sujet, notamment parce que nous avons les cheveux longs. Il m’a bousculé. J’ai protesté. Puis, il m’a empoigné en déchirant mon polo. »

Le chanteur fut alors expulsé et son concert de Yaoundé, annulé. Par la suite, Johnny a expliqué qu’il n’en voulait pas au «peuple camerounais».

Mais visiblement, le président Ahmadou Ahidjo lui en a gardé rancune. Cité, là encore par Jeune Afrique, il expliquait un an plus tard : «Il n’y a pas de place pour le comportement yéyé». Le yéyé, «cette pop adolescente grandement inspirée de tubes anglo-saxons (souvent repris et traduits en français) portée par des artistes comme (…) Johnny Hallyday», rappelle le site des Inrocks. Le dirigeant camerounais ajoutait : c’est «le signe d’une jeunesse inadaptée, aigrie par le sentiment de son inutilité, de sa non-participation à l’édification de son propre avenir». On peut dire aujourd’hui qu’il y a prescription…


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