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Coronavirus : des étudiants africains bloqués à Wuhan appellent leurs gouvernements à l'aide

Des étudiants et ressortissants sénégalais, camerounais, ivoiriens, et guinéens, demandent à être rapatriés.

Article rédigé par Martin Mateso
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un agent de santé désinfecte les salles de départ et d'attente de la gare de Pékin, le 4 février 2020. (KOKI KATAOKA / YOMIURI)

Rares sont les pays africains qui ont pris des mesures de rapatriement de leurs ressortissants bloqués dans la ville chinoise de Wuhan, depuis le déclenchement de l’épidémie de coronavirus 2019-nCov. Seuls l'Algérie et le Maroc l'ont organisé. Pour les autres, c'est l'incertitude et l'angoisse, dans une ville fantôme et isolée. Les appels à l'aide se sont multipliés sur les réseaux sociaux et dans les médias. Les étudiants africains vivent très mal leur confinement et se sentent abandonnés par leurs gouvernements.

"Une logistique hors de portée du Sénégal"

C’est le cas d'une douzaine d'étudiants sénégalais. Ils espéraient la mise en place d'un dispositif de rapatriement, mais ils ont vite déchanté. Le gouvernement du Sénégal a décidé de leur octroyer une aide de 1 000 dollars chacun, pour subvenir à leurs besoins sur place. Pas question de les rapatrier. Trop cher, leur a annoncé le président Macky Sall. "Cela requiert une logistique tout à fait hors de portée du Sénégal, notamment des avions spéciaux et du personnel", a déclaré à la presse le chef de l'Etat sénégalais.

Bloqués dans la ville chinoise de Wuhan, 300 ressortissants camerounais attendent aussi impatiemment d'être rapatriés. Ils ont entrepris, en vain, des démarches auprès de leur ambassade en Chine, avant d'adresser un cri de détresse au président Paul Biya, pour solliciter un soutien matériel et financier. Ils attendent une suite à leur requête.

Leurs provisions de nourriture s'épuisent

La plupart des étudiants africains confinés dans la ville restent enfermés dans leurs chambres depuis deux semaines. Leurs provisions de nourriture s'épuisent et le moral est au plus bas. La consigne est de ne pas sortir de chez soi si on a encore de quoi manger.

La situation est vraiment critique. Tous les jours, on apprend qu'il y a des morts ici et des personnes infectées. On se demande quand tout cela va finir.

Dominique Kadi, étudiante ivoirienne à Wuhan

à TV5 Afrique

Le gouvernement ivoirien a débloqué 25 millions de francs CFA (40 000 euros) pour venir en aide à ces étudiants bloqués en Chine. Leur rapatriement sanitaire ne serait toujours pas envisagé pour l'instant. Pas d'issue non plus pour la vingtaine d'étudiants guinéens enfermés dans leurs chambres depuis deux semaines.

"Pourquoi les Africains sont-ils laissés pour compte ?"

"Pourquoi les Africains sont-ils laissés pour compte dans l'épicentre du virus ?", s’interroge notre consœur Raïssa Girondin, dans une tribune publiée sur le site Talent2Africa. Elle se demande ce qui peut empêcher les pays africains de se concerter et d'examiner avec leurs partenaires chinois un plan d'urgence pour se porter au secours de leurs ressortissants. Raïssa Girondin lance un appel aux chefs d'Etat africains, qui vont se réunir les 9 et 10 février pour le sommet annuel de l'Union africaine à Addis-Abeba, pour qu'ils trouvent rapidement une solution.

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