Guinée: la junte propose un gouvernement d'unité nationale
Moussa Dadis Camara a tenté de reprendre la main en faisant plusieurs propositions après l'un des pires carnages commis en Guinée depuis un quart de siècle.
Dans un texte lu à la télévision et à la radio publiques, le capitaine putschiste, au pouvoir depuis neuf mois, demande d'abord "la désignation d'un sage président africain pour la médiation en Guinée". Il appelle aussi à "la mise en place d'une commission d'enquête internationale en rapport avec l'ONU". Camara demande enfin "la mise en place d'un gouvernement d'union nationale intégrant l'ensemble des partis politiques, chargé de gérer la transition" avant l'élection présidentielle de janvier.
Selon l'Organisation guinéenne de défense des droits de l'Homme, quelque 157 personnes ont été tuées et plus de 1.200 blessées lors de la répression, marquée par des viols et des scènes de barbarie, par les forces de sécurité d'une manifestation pacifique d'opposants contre l'éventuelle candidature à la présidentielle de Moussa Dadis Camara. Le Conseil de sécurité de l'ONU a repris à son compte le chiffre de "plus de 150 morts".
Hier soir, le capitaine putschiste avait interdit les rassemblements "subversifs" tout en "invitant" les religieux, la société civile et les médias "à s'abstenir de propos et actes de nature à troubler l'ordre public".
Pour Mamadi Kaba, président de la branche guinéenne de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l'Homme (Raddho), "il y a une volonté de faire taire toutes les contestations et d'arrêter tous ceux qu'ils estiment être les leaders de la manifestation" de lundi. La Raddho a appelé l'ONU "à saisir la CPI, seule juridiction en mesure d'enquêter et de juger les crimes contre l'humanité commis en Guinée de façon récurrente face à des autorités et à des institutions judiciaires défaillantes".
Aujourd'hui, l'activité avait timidement repris à Conakry, mais la capitale garde des allures de ville fantôme.
Au niveau international, l'Union européenne étudie des sanctions ciblées "contre les auteurs des violences", comme des interdictions de séjour ou des gels d'avoirs, qui pourraient être officialisées le 9 octobre. De son côté, le Conseil de sécurité des Nations Unies a condamné les violences en Guinée, apporté son soutien aux initiatives régionales consécutives et appelé le chef de la junte guinéenne à renoncer à la présidentielle.
Moussa Dadis Camara laisse planer le doute sur ce point, se disant confronté à un "dilemme": "Dire non, je ne suis pas candidat, et qu'il y ait des problèmes. Dire que je suis candidat, et qu'il y ait des problèmes", a-t-il déclaré sur la chaîne d'information France 24.
Anne Jocteur Monrozier, avec agences
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