Cet article date de plus de neuf ans.

Messi au Gabon : un concentré de polémiques

Un week-end au Gabon et votre image en prend un coup. L’international argentin Lionel Messi croule sous le flot des critiques depuis qu’il a répondu à l’invitation du président Ali Bongo mi-juillet 2015. Politiques, membres de la société civile et récemment l’ONG Human Rights Foundation (HRF) dénoncent cette visite.
Article rédigé par Falila Gbadamassi
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
L'international argentin Lionel Messi (D), aux côtés du président gabonais Ali Bongo, le 18 juillet 2015 lors de sa visite à Port-Gentil (au Gabon) où il était invité à poser la première pierre du stade de la ville qui doit accueillir la CAN 2017.  (AFP PHOTO / STEVE JORDAN)

Sur les réseaux sociaux ou dans la presse, beaucoup de Gabonais s'indignaient de voir «dilapider» l’argent du pays pour financer la venue du footballeur argentin Lionel Messi ou de découvrir les clichés de responsables politiques de haut niveau, telles de vraies groupies, prendre la pause avec lui. L’ambassadeur de bonne volonté de l’Unicef s’est fait, cette fois-ci, tacler par la Human Rights Foundation (HRF). Elle lui reproche d’avoir soutenu le «dictateur» gabonais Ali Bongo lors de son déplacement le 17 juillet 2015.


 



«Messi a démenti que la famille Bongo lui ait payé 3,5 millions d’euros pour effectuer ce voyage, mais il a montré un soutien enthousiaste à la dictature durant ce voyage. La famille Bongo a exercé un contrôle complet sur la politique gabonaise ainsi que sur l’économie et la société depuis 1967», indique la Human Rights Foundation (HRF) dans un communiqué publié le 31 juillet 2015.

«En fournissant ses services de relations publiques à la famille Bongo du Gabon, Lionel Messi a sérieusement miné la crédibilité de sa propre fondation de bienfaisance», estime Thor Halvorssen, le président de HRF. Ce dernier souligne par ailleurs que l'international, supposé défendre les droits des enfants, prête son image «à un régime qui refuse d'enquêter sur les assassinats rituels des enfants au Gabon».
 
La colère du contribuable
L’attaquant argentin avait été invité par la présidence gabonaise pour poser la première pierre du stade de Port-Gentil qui doit accueillir la CAN 2017 dont le Gabon sera l’hôte.  Ce n’est pas la première fois que l’ONG dénonce la visite de personnalités dans des pays dont les régimes sont considéres comme des dictatures. La chanteuse et comédienne Jennifer Lopez au Turkménistan, le musicien Kanye West au Kazakhstan, l'actrice Hilary Swank en Tchétchénie ou encore la musicienne Erykah Badu au Swaziland s’étaient déjà attirés les foudres de l’organisation. De nouveau, HRF se fait l’écho de la société civile et de l’opposition dans les pays concernés.

Les internautes gabonais font valoir que le président Ali Bongo devrait plutôt consacrer les deniers publics à la lutte contre la pauvreté. «Il ne coûtera au Gabon qu’un billet d’avion», aurait déclaré Alain Claude Bilié Bi Nze le porte-parole de la présidence face aux critiques précédant la visite du joueur de football, selon le site Gabonactu. Ils s'en sont également pris au footballeur camerounais Samuel Eto’o qui aurait rendu possible l’opération. Ainsi les Jeunes souverainistes gabonais lui ont adressé une lettre ouverte publiée sur Facebook. «Comment as-tu osé conseiller à Lionel Messie (Sic), star mondiale adulée par la jeunesse africaine de venir se compromettre avec un régime dictatorial, avec un président de la république autoritaire, totalitaire (…)? », écrit le mouvement d’opposition.





Messi dans le «zoo» gabonais 
Toujours sur Facebook, répondant aux critiques publiées à la suite d’un post où il souhaitait la bienvenue en terre gabonaise au joueur argentin, Samuel Eto’o a également tenu à faire savoir que Lionel Messi s’était rendu gratuitement au Gabon. Outre le coût éventuel de la visite de Messi, la tenue vestimentaire du footballeur a aussi choqué. Une campagne est même née sur les réseaux sociaux (#JeVaisEnArgentine) afin de dénoncer «le manque de respect» de Lionel Messi pour les Gabonais. Il était habillé d’un t-shirt et d'un short en jean. 



«Le Messie du foot est arrivé comme dans un zoo au Gabon : sale, mal rasé et les mains dans les poches à la recherche de cacahuètes à leur balancer ! Quand on se nomme Lionel Messi et qu'on est multi-milliardaire, on a pas le droit de se présenter devant des officiels d'une République même bananière ... les mains dans les poches d'un short déchiré et en guenilles», s'insurge le parti d’opposition l’Union du peuple gabonais (UPG) sur son blog sur Mediapart.



Damien Glez, au lendemain de la visite de l’International au Gabon, résumait bien la situation dans les colonnes de Jeune Afrique : «le buzz, mais pas le bon».

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.