Gabon : manifestations et violences après la victoire d'Ali Bongo
Au nord de Libreville, dans le quartier Plein-Ciel, des carcasses de voitures gisent sur la voie express qui ceinture la capitale gabonaise. Sur la route, des barrages abandonnés, des poubelles renversées et des restes de statues brisées. Le chef de l'opposition Pierre Mamboundou a été gravement blessé au cours des heurts avec la police.
Les jeunes scandent des slogans hostiles à Ali Bongo et à la France. Ils accusent Paris d’avoir "imposé" aux Gabonais le fils du président Omar Bongo, décédé en juin après 41 ans de pouvoir. "Les Blancs, on va les tuer ! (…) On en a marre des Français, il faut les chasser, les tuer ! ", ont notamment pu entendre les journalistes présents sur place.
L’accès à ce quartier est d’ailleurs fortement déconseillé par des soldats de la Garde républicaine et des gendarmes, qui se sont déployés un peu partout à travers la ville.
Près de la Cité de la Démocratie, où avait lieu la proclamation officielle des résultats de la présidentielle, des poubelles ont également été renversées. A Nkembo, quartier populaire de l’est de Libreville, la foule en colère semble casser ce qui lui tombe sous la main, les kiosques notamment.
Consulat général de France incendié
A Port-Gentil, des partisans de l'opposant Pierre Mamboundou ont attaqué la prison et libéré les prisonniers. Manifestants et détenus se sont ensuite dirigés vers le centre-ville, où des barricades ont été dressées à l'aide de carcasses de voitures dans plusieurs rues de la ville, tandis que des pneus étaient brûlés sur la chaussée.
Le consulat général de France a été pris d'assaut et incendié. Des installations du groupe pétrolier Total et de la société Schlumberger ont également été prises pour cibles par les manifestants.
Capitale économique gabonaise mais aussi fief historique de l'opposition, Port-Gentil, avait connu des scènes d'émeutes au début des années 90, lors du passage au multipartisme.
Au Quai d'Orsay, le ministre Bernard Kouchner assure qu'un dispositif est "prêt pour protéger les Français au Gabon". "Mais j'espère qu'on n'aura pas à le faire", a ajouté le chef de la diplomatie française.
_ La communauté française vivant au Gabon est estimée à quelque 10.000 personnes, dont un millier de soldats sur une base militaire.
Gilles Halais, avec agences
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