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Les rivages du golfe de Guinée menacés de submersion

Récemment une submersion maritime au Ghana a détruit 500 logements et poussé 4000 personnes à quitter les lieux.

Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
Un enfant marche dans les gravats de ce qui était une maison détruite par les flots à Port Bouet en Côte d'Ivoire le 14 août 2007. (SIA KAMBOU / AFP)

Le 7 novembre dernier, d’énormes vagues ont ravagé le littoral du Ghana dans la région de Ketan, à l’est de l’embouchure du fleuve Volta. 500 logements de bord de mer ont été partiellement ou totalement détruits, et 4000 personnes sont touchées. Une école et même un cimetière ont été inondés. Les habitants se trouvent désormais sans abris, réfugiés dans des églises ou des groupes scolaires, et attendent des mesures de la part de l’Etat.

Le pays est régulièrement frappé par ces vagues de submersion abusivement appelées raz de marée. "C’est le troisième de l’année, mais c’était le plus gros" reconnaît à l’AFP George Ainsi, de l’organisation nationale de gestion des catastrophes. "Cela devient inquiétant, nous n’avions pas connu cela depuis de nombreuses années."

L'ensemble du golfe concerné

Le Ghana n’est pas le seul pays concerné par ce phénomène dans le golfe de Guinée. Son voisin, la Côte d’Ivoire, est particulièrement impacté, notamment dans la baie d’Abidjan et sur tout le littoral en direction du Ghana. Sur de courtes périodes, subitement une houle violente venue du grand large s'abat sur le front de mer. Les vagues peuvent atteindre sept mètres de haut, provoquant d’énormes dégâts et accélérant l'érosion.

Des dizaines de logements construits en bord de mer ont été détruits lors de la submersion du 14 août 2007 à Port-Bouet en Côte d'Ivoire. (KAMBOU SIA / AFP)

Le phénomène est rare, mais se produit plusieurs fois dans l’année et est parfois particulièrement destructeur. De même, dans la nuit du 13 au 14 août 2007, à Grand Bassam la côte a reculé jusqu’à 18 mètres en une seule marée, alors que l’érosion de la baie n’est en moyenne que de 1,5 m par an. A Port-Bouet en Côte d'Ivoire, les vagues ont détruit 31 habitations du quartier informel, construites sans autorisation.

La cause

Contrairement à ce qui est parfois avancé, la montée du niveau de la mer n’est pas la cause du phénomène. Selon une étude portant sur l’événement de 2007 en Côte d’Ivoire, ce phénomène de forte houle a été dû à un léger tremblement de terre à proximité de l’île de l’Ascension (4,8 sur l’échelle de Richter). Pas assez fort pour créer un tsunami, mais suffisant pour déclencher des vagues à la surface de l’océan qui, parties du beau milieu de l’Atlantique sud ont atteint le continent.

Pour le cas du Ghana le 7 novembre dernier, aucune explication n’a été apportée. Un fort coefficient de 107 en période de grande marée a sans doute contribué a augmenter le phénomène de submersion. Le pays compte 550 kilomètres de côte où vivent près de 8 millions d’habitants, soit le quart du pays, et les problèmes d’érosion ou de submersion marine deviennent préoccupants.

Le Ghana a lancé un projet de "défense maritime", consistant à poser des blocs de rochers le long des côtes pour créer des digues. Une première phase du projet, couvrant 4,3 kilomètres de côte, a été achevée en 2019. Le ministre ghanéen des Travaux et du Logement, Francis Asenso Boakye, a affirmé que le gouvernement allait "bientôt commencer les travaux" de la deuxième phase, qui couvrira au moins huit kilomètres.

Les 3600 kilomètres de côte, le long du golfe de Guinée accueillent 40% des 300 millions d’habitants de la région, du Libéria pays le plus à l’Ouest à l’Angola le plus au sud. Autant d'habitants menacés par l'océan.

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