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La production de cacao menace la forêt tropicale en Côte d’Ivoire

C’est l’envers du décor, la face honteuse de la filière du cacao. Afin de produire d’avantage, les cacaoyers gagnent sur la forêt tropicale. En totale illégalité, les planteurs s’installent dans des forêts protégées en Côte d’Ivoire, le premier producteur mondial.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
Déforestation en Côte d'Ivoire. (Mighty Earth)

Selon l’ONG Mighty Earth, la culture du cacao en Côte d’Ivoire provoque la disparition de vastes surfaces boisées. Selon l’ONG, plusieurs parcs nationaux ont vu jusqu’à 90% de leur surface convertis en plantation de cacaoyers. Le Ghana, l’autre géant du cacao, n’est pas logé à meilleure enseigne. Il aurait perdu 7000 km² de forêts.

Vingt-trois zones protégées de Côte d’Ivoire ont été étudiées. Il en ressort que sept d’entre elles ont été totalement converties au cacao. Le recul de la forêt tropicale entraîne la disparition des chimpanzés et des éléphants. Les pachydermes ne sont plus que 200 à 400, alors qu’ils ont été le symbole de la Côte d’Ivoire.

Des villages de planteurs 
L’extension des surfaces se fait en toute illégalité, les autorités du pays semblent impuissantes, malgré les initiatives de développement durable. A moins que la corruption ne fasse le reste. Des campements de planteurs, soit des milliers de personnes, se sont installés au beau milieu de certains parcs nationaux, dénonce Mighty Earth.

Des campements qui sont en fait de petites villes possédant leurs écoles publiques, leurs centres de soins, mosquées et églises… C’est le cas de Sada en plein cœur de la forêt protégée de Scio. Le village ne compte pas moins de 22 grossistes et entrepôts de cacao.

Nul ne se cache affirme l’ONG. «Nous avons pu démontrer que des négociants achetaient ouvertement ces fèves cultivées illégalement pour les vendre ensuite aux plus grands chocolatiers du monde.»
 
Récolte de cabosses de cacao en Côte d'Ivoire. (AFP)

De grandes marques comme Mars, Lindt, Ferrero, des négociants puissants comme Cargill ou Olam, sont pointés du doigt. «Ces sociétés doivent immédiatement prendre des mesures fortes pour mettre un terme une bonne fois pour toutes à la déforestation, et remédier aux dégâts causés par le passé», réclame l’ONG.

Un plan d'action
La réponse n’a pas tardé. Douze des plus importantes entreprises de la filière ont annoncé une opération commune pour mettre fin à la déforestation. Pour ce faire, un cadre d’action public-privé va être élaboré. Il doit être présenté à la COP 23 à Bonn en novembre 2017. «Pour vous donner quelques pistes, explique Rick Scobey, le président de la Word Cocoa Foundation, nous instaurons des limites à l’exploitation en zone forestière, il y aura des efforts dans la protection, une restauration des secteurs protégés… Nous chercherons à augmenter la productivité des plantations pour obtenir davantage de cacao sur un espace plus réduit.»
 
Il est urgent d’agir, peut-être même trop tard. Car la crise qui sévit actuellement dans l’économie du cacao n’incite pas les planteurs aux pratiques vertueuses. Face à l’effondrement des cours, la seule façon de dégager un revenu est d’augmenter la production, quitte à planter dans des lieux interdits.

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