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COP23. «Ce sont les femmes qui sont au cœur de toutes les actions climat»

Célestine Ketcha Courtès, maire de la commune de Bangangté (située dans l'ouest du Cameroun), est à la tête d'une collectivité locale qui fait figure d'exemple en matière d'environnement dans son pays. Pour la présidente du Réseau des femmes élues locales d’Afrique (Refela), les femmes sont «mieux outillées» pour prendre en charge la lutte contre le changement climatique.
Article rédigé par Falila Gbadamassi
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Célestine Ketcha Courtès, maire de la commune de BangaNté (Cameroun),  à la COP23 le dimanche 12 novembre 2017. (Géopolis/FG)

En quoi des femmes qui dirigent des autorités locales peuvent changer la donne en matière de lutte contre le réchauffement climatique?
Ce sont les femmes qui sont au cœur de toutes les actions climat. Qu’est-ce qui influence l’environnement? C’est l’eau! Qui utilise l’eau au quotidien en Afrique? C’est la femme. Elle a une relation très étroite avec les questions d’eau et d’assainissement. Les femmes sont mieux outillées, de manière naturelle, pour accompagner les actions en faveur de l’atténuation et de la lutte contre les effets du changement climatique. Par conséquent, nous faisons toujours un plaidoyer pour qu’il y ait toujours plus de femmes au niveau local parce que c’est là que tout se passe. Qui adresse les questions de développement? Ce sont les élus locaux.  Et si en plus, ce sont des femmes, c’est tant mieux parce qu’il y aura un autre style de gouvernance.

Banganté est une ville verte, reconnue comme telle au Cameroun et ailleurs. Comment avez-vous pris en charge la question de la lutte contre le réchauffement climatique?
J’ai pris conscience que l’environnement qui nous nourrit peut nous tuer. On le voit bien avec les inondations, les tremblements de terre... Les vents emportent tout parce qu’il n’y a plus de protection naturelle, à cause de tous ces arbres que nous avons massacrés. La violence de ces vents est telle que les hommes et les maisons y passent. Je l’ai vécu dans ma commune. C’est la réalité du changement climatique. Ce n’est plus un doute, n’en déplaise à Trump! Le changement climatique est là et il est urgent d’agir.

Pour cela, il faut travailler avec les populations. A Banganté, ces dernières sont très ouvertes sur les questions de service public, de bien-être et de changement climatique et quand les populations sont sensibilisées sur ces questions, elles s’en approprient. Dès que je leur ai expliqué qu’on dépensera moins en frais médicaux si l’entretien et l’assainissement de la ville est amélioré, elles ont adhéré. C’est une question d’échange, de sensibilisation, de formation et de responsabilisation. C’est ainsi que Banganté est devenue la ville pilote de projets qui fonctionnent et qui sont dupliqués dans d'autres communes.

Vous parliez tantôt d'eau. C’est l’un des principaux problèmes de votre commune. Quelles solutions avez-vous trouvées pour régler ce problème d’approvisionnement en eau?
L’approvisionnement en eau reste un grand problème parce que la nappe phréatique est pauvre et la société locale, qui distribue l’eau, n’a pas réinvesti dans les infrastructures. Mais le maire a l’obligation, d'autant plus avec la décentralisation, de se saisir de cette problématique.

Nous avons fait de cette question de l’eau une priorité et nous nous sommes mis en quête de partenaires pour nous soutenir dans cette démarche. C’est la coopération qui va aider l’Afrique. Elle apporte des financements mais elle permet aussi de s’inspirer des bonnes pratiques. Il s’agit de prendre des ressources, d’y mettre sa part et de s'inspirer de ce qui se fait de mieux ailleurs. C’est ainsi que nous avons procédé. Le service public de l’eau que nous avons mis en place sert de modèle à d’autres communes et cela fonctionne.

La finance reste une question épineuse pour les collectivités locales. Quelles sont les difficultés que vous rencontrez pour mobiliser des fonds pour vos projets?
Il y a certains partenaires qui ne souhaitent pas travailler avec les élus. Ils préfèrent travailler avec les Etats. Or l’Etat ne sait pas où la population a mal même si nous devons travailler main dans la main avec le pouvoir central. Si un organisme de financement veut vraiment aider les populations, il doit s’adresser aux maires pour que leur vie change.

Le Réseau des femmes élues locales d’Afrique que vous présidez représente combien de femmes maires?
Au Cameroun, nous sommes 28 femmes maires sur 374. Dans toute l’Afrique, nous sommes quelque 350 maires sur environ 7.000. Nous n’avons pas assez de femmes maires. Nous avons encore du pain sur la planche.

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