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Le président égyptien Sissi creuse le fossé avec la bande de Gaza

Après l’établissement d’une zone-tampon entre le Sinaï et la bande de Gaza, le régime égyptien poursuit les grands travaux le long de sa frontière avec le territoire palestinien contrôlé par le Hamas. Il creuse une gigantesque tranchée, officiellement destinée à alimenter en eau de mer des bassins de pisciculture. Le projet est dénoncé par le Hamas comme un renforcement du blocus de la bande.
Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Les pelleteuses de l'armée égyptienne creusent une tranchée, à usage en principe piscicole, le long de la frontière avec la bande de Gaza. (Abed Rahim Khatib/Anadolu Agency)

Depuis début septembre 2015, bulldozers et pelleteuses sont entrés en action le long de la frontière entre l’Egypte et la bande de Gaza. Leur mission, creuser une tranchée de 30 mètres de profondeur et installer des pipelines géants pour alimenter en eau de mer un projet piscicole.
 
En effet, officiellement il s’agit de construire 18 étangs d’élevage de poissons, rougets, mulets et crevettes, notamment, sur une longueur de 14 kilomètres.

La pisciculture au service du blocus 
Pratiquement la douve ainsi creusée permettra de noyer les derniers tunnels qui permettaient aux gazzaouis de contourner le double blocus, israélien et égyptien, imposé à la bande de territoire palestinien depuis la prise de contrôle du par le Hamas en juin 2007.
 
Le porte-parole du Hamas, Mouchir Al-Masri, a critiqué le projet égyptien affirmant qu’il «renforçait le blocus», et le maire de Rafah, Soubhi Radwan, a mis en garde contre les effets secondaires des inondations sur la nappe phréatique et sur les bâtiments de sa ville.
 
Le lancement des travaux intervient au moment où le président Sissi intensifie, dans le Sinaï, la chasse aux djihadistes qui cherchent à s'implanter dans la bande de Gaza.

Gaza deviendra inhabitable en 2020 
Après l’établissement d’une zone tampon sur 10 kilomètres, qui devait entraîner le déplacement de dizaines de familles et la démolition de plusieurs centaines d’habitations, le projet de pisciculture n’est pas fait pour améliorer le sort des Palestiniens de Gaza.
 
Selon le nouveau rapport de la CNUCED, après huit années de blocus et trois opérations militaires israéliennes en 6 ans, qui ont laminé des infrastructures très affaiblies, ce territoire de 360 km² où s’entassent 1,8 millions de Palestiniens pourrait devenir inhabitable d’ici 2020. 
 
 
 
 
 

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