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Egypte : au moins vingt-trois morts, Mohamed Morsi s'accroche au pouvoir

Dans un discours télévisé, le président égyptien a demandé à l'armée de retirer son ultimatum.

Article rédigé par franceinfo avec AFP et Reuters
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Des manifestants opposés à Mohamed Morsi, le 3 juillet 2013 au Caire (Egypte).  (MAHMUD KHALED / AFP)

Mohamed Morsi contre-attaque. Menacé par les manifestations monstres de dimanche et par l'armée, le président égyptien a demandé, mardi 2 juillet dans une allocution télévisée, à cette dernière de retirer son ultimatum de 48 heures "pour satisfaire les demandes du peuple" qu'elle lui avait lancé la veille. 

Dans le même temps, le climat s'est tendu au Caire et dans les grandes villes du pays. Au moins vingt-trois personnes sont mortes dans la capitale égyptienne, alors que l'armée s'est dite prête à verser son sang. 

Morsi s'accroche à sa légitimité

"Il y a des gens qui exploitent la colère des jeunes. Je comprends leur colère [car] la situation économique est difficile, mais les forces criminelles qui se servent de cette colère (...) sont opposées à la démocratie", a dénoncé, dans un discours télévisé, un Mohamed Morsi virulent, accusant les partisans de l'ancien régime d'Hosni Moubarak.

Capture d'écran de la chaîne Al-Jazeera diffusant le discours du président égyptien Mohamed Morsi, le 2 juillet 2013. (AJ-JAZEERA / FRANCETV INFO)

Malgré la contestation massive, le président issu des Frères musulmans a écarté toute démission : "Je ne m'accroche pas à mon poste de président. Le peuple m'a élu par des élections libres, la Constitution me charge d'un certain nombre de devoirs. L'Etat attend que j'assume cette responsabilité." "Je m'opposerai de toutes mes forces à ceux qui tentent de semer la discorde", a-t-il lancé.

Le président islamiste avait déjà rejeté lundi soir la demande du commandement militaire assimilée par ses partisans à un coup de force pour le faire partir. Il a rencontré mardi le ministre de la Défense et chef d'état-major de l'armée, le général Abdel Fattah al-Sissi. Rien n'a filtré jusqu'à présent de ces entretiens engagés dans la matinée et qui se poursuivaient en soirée.

L'opposition dénonce un "appel à la guerre civile"

Dans la foulée, l'opposition égyptienne a estimé que ce discours était "un appel public à la guerre civile". "Le président continue de rejeter les appels à la démission lancés par le peuple égyptien", a déploré Khaled Dawoud, porte-parole du Front de salut national (FSN), principal bloc de l'opposition laïque, libérale et de la gauche égyptienne.

Et d'ajouter : "Cela conduit à la confrontation de n'offrir aucun compromis et de ne pas écouter le peuple dans la rue. Nous sommes très inquiets devant les risques d'escalade de la violence."

L'armée "prête à verser son sang"

Dans un communiqué diffusé trois heures après l'allocution présidentielle, le Conseil suprême des forces armées égyptiennes (CSFA) s'est dit prêt à verser son sang pour défendre le peuple égyptien.

Le texte, intitulé "Les dernières heures", émane du chef d'état-major de l'armée, le général Abdel Fattah al-Sissi, et affirme : "Nous jurons devant Dieu que nous sacrifierons notre sang pour l'Egypte et son peuple, pour les défendre des terroristes, des radicaux ou des fous."

Des affrontements font au moins 23 morts au Caire

Dans le même temps, seize personnes au moins ont été tuées et 200 autres blessées sur le campus de l'université du Caire. Des milliers de manifestants islamistes soutenant le chef de l'Etat s'y étaient rassemblés et ont été attaqués par des hommes non identifiés. "Des assaillants nous ont attaqués avec des armes à feu. J'ai moi-même porté un homme qui avait reçu une balle dans la tête", a déclaré un partisan du président joint par l'AFP.

Ailleurs au Caire, sept personnes ont été tuées lors de heurts entre partisans et opposants du président dans le quartier de Gizeh. Plusieurs personnes ont été grièvement touchées par des tirs, selon des sources médicales. Des heurts ont également éclaté dans d'autres quartiers de la périphérie du Caire et dans la province de Beheira. A Alexandrie, des militaires sont intervenus pour séparer les deux camps.

Au total, 47 personnes, dont un Américain, ont trouvé la mort dans des violences en marge des manifestations qui secouent le pays depuis une semaine.

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