L’Abora IV, un bateau en roseau pour traverser la Méditerranée
Le bateau se veut une réplique des navires des pharaons. L’équipage va tenter de rallier la Crète depuis la mer Noire. Une expédition très controversée, historiquement discutable.
Il a fière allure, l’Abora IV, avec ses 14 mètres de long, ses deux cabines et sa coque réalisée en roseau. Douze tonnes de roseaux liés par 2000 mètres de cordage. Le vaisseau est certes un peu trapu, pas vraiment hydrodynamique, mais il doit résister aux flots souvent rugueux de la mer Egée.
Selon son concepteur, Dominique Goerlitz, un chercheur-aventurier allemand, il va voguer sur les traces des marchands égyptiens qui remontaient la Méditerranée jusqu’à la mer Noire. Une belle reconstitution, qui n’est pas sans rappeler celle du Kon-Tiki en 1947, radeau en balsa qui traversa le Pacifique du Pérou aux îles Tuamotu.
Dominique Goerlitz a trouvé son inspiration dans les écrits d’Hérodote, nous dit l’AFP. En effet, l’historien grec rapporte même que la première navigation autour du continent africain remonte à 600 avant notre ère. Le pharaon Néchao avait mandaté une expédition menée par des marins phéniciens. Les Egyptiens ne se limitaient donc pas aux eaux du Nil. La Méditerranée et la mer Rouge leur étaient familières.
Une histoire connue
Des répliques de navires antiques ont déjà été construites, notamment en se référant à un bas-relief d’un temple de Louxor. En 1500 avant J.C. une flotte affrétée par la reine-pharaonne Hatshepsout a sans doute navigué en mer Rouge. Cette expédition a été reproduite par l’archéologue naval Cheryl Ward, comme le rappelle Stéphane Begoin.
Confronté à cette réalité historique, le projet Abora IV prend un peu l’eau, ce que ne manquent pas de dire les spécialistes de l’Egypte pharaonique. Ainsi l’égyptologue Chloé Ragazzoli explique au Figaro : "Les Egyptiens ont pratiqué la navigation dès l’Ancien Empire, mais avec des bateaux en bois."
Patatras. En fait, le papyrus n’était utilisé que pour de petites embarcations, des radeaux composés de bottes de papyrus liées entre elles. Ces barques permettaient de se déplacer dans les marais. Pour la haute mer, les Egyptiens utilisaient le bois.
Ultime entorse à la vérité historique, l’Abora IV n’est pas fabriqué en papyrus, mais en roseau. L’Egypte ne produit plus de papyrus et les concepteurs se sont tournés vers les Indiens du lac Titicaca en Bolivie, spécialistes des embarcations en roseau.
Résultat, Abora IV flotte, mais l’objectif relève désormais plus de l’aventure humaine. Le bateau résistera-t-il à l’odyssée ? 1300 km entre les rivages bulgares et les côtes de la Crète. L’Egypte, ce sera pour une prochaine étape !
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